9 députés de gauche, 8 de droite...Sébastien Vignon, politologue, analyse les résultats du 2nd tour en Picardie.
Une vague rose picarde en demi-teinte
Les résultats du second tour de ces élections législatives en Picardie donnent l’avantage au PS et ses partenaires qui disposent d’un siège de plus que la droite (9 contre 8). Si la gauche progresse incontestablement dans la région, force est de constater qu’on ne peut parler d’un « raz-de-marée » à l’instar des législatives de 1981 (13 / 15 circonscriptions) ou 1997 (13 sur 18). L’abstention record enregistrée lors de ce second tour et les reports de voix FN ont probablement relativisé en Picardie le large succès de la gauche à l’échelle nationale.
Une abstention record : La Somme plus participationniste
Les candidats n’ont pas réussi à remobiliser les citoyens lors de ce second tour. Malgré de nombreux duels et triangulaires opposant de nombreux élus sortants parmi lesquels d’anciens membres du gouvernement Fillon (E. Courtial et X. Bertrand), les citoyens se sont peu déplacés pour désigner leur député. C’est dans l’Aisne que le taux d’abstention est le plus élevé, comme au premier tour. Dans la Somme , les électeurs ont un peu plus voté mais dans une proportion beaucoup moins forte que lors de la présidentielle qui reste l’exception en matière de participation électorale.
Une gauche qui progresse et une droite qui résiste
La gauche et ses alliés sont parvenus à conquérir quatre circonscriptions dans la région. On soulignera dans la Somme les victoires de Jean-Claude Buisine (3è circonscription) face à Jérôme Bignon, de Pascale Boistard (1ère circonscription), Barbara Pompili (2è circonsciption) qui s’impose face au député NC sortant Olivier Jardé dont la défaite peut affaiblir sa légitimité politique locale dans la perspective des prochaines municipales à Amiens. Ces deux candidates, pourtant sans ancrage politique local, feront donc leur entrée à l'assemblée nationale .Patrice Carvalho, candidat du Front De Gauche, retrouve son poste de député perdu en 2002, et ce à l'issue d'une triangulaire où il était opposé à F.-M Gonnot (député sortant) et M. Guiniot, le leader du FN en Picardie qui réalise un score important. Si la droite résiste bien dans la région lorsque l'on raisonne en nombre de sièges de députés, il faut préciser que dans de nombreuses circonscriptions, la victoire de ses représentants a été durement acquise (parfois une centaine de voix): C'est par exemple le cas de J-F. Mancel (2è circonscription de l'Oise) ou de X. Bertrand, maire de Saint-Quentin et ancien ministre du gouvernement Fillon (2è circonscription de l'Aisne) ou Alain Gest (4è circonscription de la Somme). Ce dernier avait pourtant bénéficié d'un redécoupage de circonscription plutôt favorable (Nicolas Sarkozy réalisant son meilleur score dans cette circonscription).Cela ne doit pas pour autant occulter les réélections confortables de plusieurs députés de l'ex majorité présidentielle. On pense par exemple à Stéphane Demilly (5è circonscription de la Somme), qui fort de son implantation locale, enregistre un score encore plus élevé que celui obtenu lors des précédentes élections législatives, ou encore à Edouard Courtial (7è circonscription de l'Oise) qui était opposé au président socialiste du Conseil régional Claude Gewerc, à Eric Woerth (4è circonscription de l'Oise) ou encore Lucien Degauchy qui recueille plus de 57 % des suffrages exprimés dans la cinquième circonscription de l'Oise.