Les ferries restent à quai "jusqu'à nouvel ordre", une opération de "sabotage", selon la CFDT.
SeaFrance, lendemain sursis 2 mois
Au lendemain de l'annonce du tribunal de commerce de Paris, les salariés désespérent de ne pouvoir remonter à bord des navires. La direction refuse la reprise du trafic pour l'instant pour des raisons de sécurité.
Toujours pas de reprise du trafic ce jeudi midi. Après l'euphorie d'hier, les salariés s'inquiétent de voir encore les navires à quai et réclament la réouverture du trafic.
Eric Vercourtre de la CFDT parle de "sabotage" de la part de la direction, qui contribue par cet arrêt à la perte de clients.
"On veut faire passer les salariés pour des voyous, alors que ce sont les dirigeants de SeaFrance qui le sont", a déclaré Didier Capelle, secrétaire du syndicat CFDT maritime, dénonçant un "lock-out totalement illégal". Le syndicat envisage de saisir la justice pour dénoncer cette mesure, qui entraînera de "graves conséquences" économiques pour la compagnie selon lui.
Les navires de SeaFrance restent à quai "jusqu'à nouvel ordre" en raison de "doutes sur la sécurité", a annoncé mercredi la direction de la compagnie de ferries placée en liquidation judiciaire mercredi par le tribunal de commerce de Paris.
"Tant que des doutes subsisteront sur la sécurité des expéditions maritimes, et jusqu'à nouvel ordre, les navires resteront à quai", ont indiqué dans un communiqué les administrateurs judiciaires de l'entreprise.
La prolongation d'activité jusqu'au 28 janvier décidée par la justice "restera conditionnée à la trésorerie disponible de la Compagnie", ajoute par ailleurs le communiqué. SeaFrance avait décidé de laisser à quai ses bateaux mardi, disant craindre pour la sécurité des passagers et du personnel, alors que certains syndicalistes avaient menacé de faire couler des navires.
Les accès au port restaient complètement fermés au public jeudi. Les responsables syndicaux ont rencontré les marins restés à bord des bateaux bloqués à quai pour les informer des derniers développements. L'avocat du CE de SeaFrance, Me Philippe Brun, a dénoncé une décision "illégale et contraire au jugement du tribunal de commerce."
Trésorerie
"L'entreprise ne peut plus fonctionner. C'est condamner l'entreprise de faire ça. On a un groupe public (la SNCF) qui impose ses gendarmes alors qu'il n'y a aucune menace", a-t-il expliqué. L'avocat voit dans la condition de "trésorerie" fixée par la direction au maintien de l'activité un signe de plus d'une volonté de "couler" l'entreprise.
"Pour fonctionner encore deux mois, il faut de la trésorerie. Si les navires restent à quai, il n'y a pas de trésorerie", selon lui. Selon Me Brun, la décision de maintenir les ferries à quai "vient dire le contraire" de la proposition du ministre des Transports Thierry Mariani, qui a affirmé vouloir rencontrer les responsables de la Scop dès samedi.
Mercredi le tribunal de commerce de Paris a placé SeaFrance en liquidation judiciaire mais a permis le maintien de son activité jusqu'au 28 janvier, pour lui laisser le temps de trouver un éventuel repreneur. Aucune des deux offres de reprise présentées n'a convaincu les juges. Filiale de la SNCF SeaFrance est la dernière société française à assurer la liaison maritime Calais-Douvres.
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