INTERVIEW. "Cette quête est quasiment infinie" : à la Nasa, un Gravelinois scrute l'atmosphère des exoplanètes

Depuis plus de cinq ans, Thomas Fauchez a rejoint la Nasa, où il mène des recherches en astrophysique. Récemment, il a contribué à deux découvertes notables, dont la dernière a été présentée par la Société Américaine d'Astronomie début janvier. Entretien.

Originaire de Gravelines, cet ancien étudiant de l'Université du Littoral-Côte d'Opale officie désormais comme astrophysicien et planétologue à la Nasa. Thomas Fauchez s'intéresse aux exoplanètes, qui tournent autour d'étoiles autres que notre Soleil. Il nous a accordé un entretien depuis les Etats-Unis.
 

Comment passe-t-on d'une enfance à Gravelines à la Nasa ?

En planétologie, on peut venir de différents horizons : de la chimie, de la physique, des mathématiques, de la biologie... Une planète, c'est vraiment un système global, dans son ensemble. On peut vraiment venir de différents parcours. Dans mon cas, j'ai fait une licence de physique-chimie à l'Université du Littoral sur les sites de Dunkerque et Calais.  Ensuite, j'ai fait un master d'astrophysique à Liège, en Belgique. Je suis revenu dans le Nord, à l'université de Lille 1 pour faire une thèse en physique de l'atmosphère. J'ai ensuite postulé à une bourse de recherche à la Nasa, qu'on appelle post-doctorat.
  

C'est un rêve d'enfant qui s'est concrétisé ? 

Depuis l'âge de 8 ans, quelque chose comme ça, j'ai voulu être astrophysicien, ou physicien en général. J'étais fasciné par l'univers, les planètes, les galaxies, etc. J'ai toujours suivi ce parcours avec un seul objectif : arriver avec une thèse de doctorat et être chercheur en astronomie.
 

 

Votre champ d'étude, c'est l'analyse de l'atmosphère des exoplanètes...

J'ai dirigé une recherche avec mon équipe, qui a permis d'identifier un autre indice, qui va nous permettre potentiellement de détecter de l'oxygène dans les exoplanètes dans les années à venir. La Nasa va lancer un nouveau télescope très puissant, bien plus puissant que Hubble, qu'on appelle le James Webb Telescope, qui sera lancé l'année prochaine. J'ai découvert une possibilité, en utilisant ce télescope, de détecter de l'oxygène sur les exoplanètes.
 
Une autre découverte à laquelle j'ai participé, c'est le système TOI 700, qui est à 100 années-lumière de nous. Donc c'est relativement proche, mais quand même assez loin, finalement. Ce système a trois planètes, orbitant une étoile assez froide. Et l'une de ces planètes orbite dans ce qu'on appelle la zone habitable, qui est la zone où la planète est à la bonne distance pour potentiellement avoir de l'eau liquide à sa surface. Et qui dit eau liquide à la surface dit conditions propices à avoir potentiellement de la vie telle qu'on l'a sur Terre.

 
 

Quels sont les outils à votre disposition ?

Pour cette découverte-là, on a utilisé le télescope spatial TESS, lancé par la Nasa il y a à peu près deux ans. Ce télescope utilise une technique assez simple, qu'on appelle la méthode des transits. Si vous avez une étoile et que vous avez une planète qui passe devant, ça fait une sorte de mini-éclipse. Nos détecteurs sont suffisamment sensibles pour voir ce passage et pour dire : "Oh, il y a quelque chose qui est passé devant cette étoile et c'est une planète." En fonction de comment la diminution de la luminosité est importante ou non, on va pouvoir dire : "C'est une grosse planète." ou "C'est une petite planète."
 

 

La découverte de nouvelles exoplanètes est-elle simplement due aux progrès technologiques ? 


Kepler, le prédécesseur de TESS à la Nasa, a découvert pratiquement 4 000 exoplanètes. TESS prend la relève et en découvre toujours plus. Mais on a fait des estimations qui [indiquent qu']il y a des milliards d'exoplanètes dans notre galaxie. Et on a des centaines de milliards de galaxies dans l'univers. Donc c'est une quête qui est quasiment infinie. Mais effectivement, nos moyens sont de plus en plus perfectionnés et on en trouve toujours plus. 
 

L'objectif derrière ces travaux, c'est trouver une vie extra-terrestre ?


C'est finalement la recherche ultime. Nous, on n'essaye pas de rechercher des signaux d'intelligence. [...] Ce qu'on recherche, c'est plutôt des manifestations, dans l'atmosphère, qu'il a une présence de la vie sur cette planète. Par exemple, sur Terre, tous les êtres vivants affectent l'atmosphère. Notre travail, c'est d'analyser l'atmosphère de ces exoplanètes et de se dire : "Ah. Si cette atmosphère est comme ça, c'est parce qu'il y a de la biologie qui a modifié cette atmosphère." C'est comme ça qu'on procède. On est loin de la science-fiction mais on fait de l'analyse à distance des composants des atmosphères. 
  

Comment envisagez-vous la suite ?


Je suis très bien là. Ça fait plus de cinq ans que je suis à la Nasa et j'ai l'intention d'y rester le plus longtemps possible. J'ai des opportunités qui sont formidables au niveau de l'environnement de recherche, des moyens qui sont mis. Je suis très confortable ici, je compte y rester un bon bout de temps.


 
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