Un jihadiste belge qui avait menacé dans des vidéos la Belgique et la France a plaidé non coupable lors de son procès qui s'est ouvert jeudi à Bagdad et affirmé qu'il s'était "fourvoyé".
Une nouvelle audience a été fixée au 22 mai, la justice irakienne faisant valoir l'absence de représentant diplomatique auprès de l'accusé, a constaté un journaliste de l'AFP. Tarik Jadaoun, né en 1988, avait rejoint l'EI en 2014 sous le nom de guerre d'Abou Hamza al-Belgiki.
Il est apparu devant la Cour pénale centrale de Bagdad vêtu de l'uniforme beige porté par des détenus en Irak, le crâne rasé et une imposante moustache noire lui barrant le visage. Il a décliné au juge son identité en arabe et un avocat commis d'office lui a été attribué par la cour après qu'il a répondu "non" à la question de savoir s'il avait un défenseur.
Le juge lui a ensuite signifié les chefs d'inculpation: "appartenance à l'organisation Daech", l'acronyme de l'EI en arabe, et "attaques" menées avant son arrestation le 23 août 2017 à Mossoul par les troupes irakiennes, soit plus d'un mois après la reprise de la "capitale" irakienne du groupe ultraradical.
Jadaoun a indiqué être entré en Irak en juin 2015 depuis la Turquie et avoir passé une semaine à Raqa, l'autre "capitale" de l'EI, en Syrie voisine. "Je n'étais pas combattant, je dirigeais une section d'infirmiers de l'EI, je soignais tout le monde. J'ai travaillé à l'hôpital al-Joumhouriya de Mossoul et dans des hôpitaux ambulants à Makhoul et Beïji", a-t-il plaidé.
"Je me suis fourvoyé"
"Je suis désolé. Je me suis fourvoyé et j'en appelle à votre bienveillance". Il y a plusieurs mois, la justice irakienne avait annoncé que le prévenu avait reconnu lors de ses interrogatoires avoir formé "les lionceaux du califat, une soixantaine d'enfants de huit à 13 ans, à l'entraînement sportif et au maniement des armes".
Ce Belge d'origine marocaine avait appelé dans des vidéos à frapper l'Europe et gagné le surnom de "nouvel Abaaoud", en référence à son compatriote Abdelhamid Abaaoud, l'un des organisateurs présumés des attentats du 13 novembre 2015 en France.
En 2015, le magazine "Complément d'enquête" proposait une enquête consacrée au djihadisme en Belgique, dans laquelle apparaissait Tarik Jadaoun. "Jamais vous ne serez en sécurité. Sachez juste que vous avez beau dormir, mais il y a des frères qui se cachent partout le monde. Ils attendent juste l'ordre et ils attaqueront. Nous allons détruire la Belgique", expliquait-il alors.
"Pas le choix"
"Je n'avais pas le choix. Un des plus hauts dirigeants de l'EI m'a demandé de faire ces vidéos", a-t-il déclaré, avant d'ajouter qu'il avait été blessé par un obus en 2016 à Ramadi, dans l'ouest irakien. "Plaides-tu coupable ou non coupable", lui a demandé le juge. "Non coupable", a-t-il répondu. Le juge a alors ordonné le report au 22 mai.
Une source judiciaire a ensuite expliqué à l'AFP que ce report avait été décidé en raison de l'absence d'un représentant diplomatique belge au sein du tribunal. La Belgique ne possède plus d'ambassade en Irak depuis 1990, mais à Amman en Jordanie voisine.
M. Jadaoun est sous le coup de la loi sur le terrorisme et risque la peine de mort.
En tout, plus de 300 personnes, dont une centaine d'étrangères, ont été condamnées à mort en Irak, et autant d'autres à la prison à perpétuité, pour appartenance à l'EI, selon de source judiciaire. La plupart des condamnées sont Turques ou originaires des anciennes républiques de l'Union soviétique. Une Allemande et une Française ont été récemment condamnées à la perpétuité.