"La connerie n’a ni couleur, ni blason" : témoignages de supporters de Lille et de Lens, blessés lors du derby du Nord

Clément supporte le LOSC, Rémy le RC Lens. Tous deux assistaient au derby du Nord lors de la 6ème journée de Ligue 1 samedi 18 septembre et ont été blessés lors des échauffourées. Ils témoignent aujourd'hui pour raconter la violence des affrontements et espèrent faire évoluer les mentalités.

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Un spectacle affligeant. Au moins six supporters qui assistaient au derby du Nord samedi 18 septembre ont été blessés lors d’échauffourées entre Dogues et Artésiens. Deux d’entre eux ont accepté de témoigner de la violence des incidents.

Qu’ils soient Lillois ou Lensois, Clément et Rémy condamnent ces affrontements initiés par une poignée de supporters et déplorent l'image catastrophique donnée. Tous deux espèrent que leurs témoignages serviront à faire évoluer les mentalités.

Clément, 15 ans, supporter du LOSC blessé au front par une équerre en métal

"Au début, il y avait des insultes de chaque côté mais tout se déroulait plutôt bien", raconte Clément, 15 ans, venu assister au derby avec son frère. Fan inconditionnel du LOSC, il avait fait le déplacement en bus avec les 1 200 supporters lillois depuis la capitale des Flandres pour rejoindre le stade Bollaert-Delelis.

Lorsque la fin de la première période est sifflée, il se souvient d’un mouvement de foule important dans le parcage visiteurs. "On ne s’est pas rapprochés des grilles, on est descendus pour éviter les coups. Mon frère était devant moi pour me protéger". Ce que confirme Corentin, 21 ans. "J’ai vu des sièges voler donc j’ai tout de suite pris mon frère sur moi et j’ai essayé de le protéger au maximum. À un moment, il a dû y avoir un décalage et c’est là que j’ai entendu un bruit".

Lorsqu’il se retourne, le visage de son petit frère est rouge de sang. "Il a pris une équerre en métal plein front. À 2 centimètres, c’était son œil". Ces morceaux de fer, en forme d’équerre, servent à fixer les sièges au sol.

Les deux frères se dirigent alors vers un stadier. Après quelques minutes d’attente, les médecins de la Croix Rouge arrivent et posent des compresses sur le front de Clément. "On a ensuite du avancer vers la tribune Delacourt pour aller à l’infirmerie, mais on s’est fait insulter, certains faisaient des doigts d’honneur", raconte l’adolescent blessé. Il sera finalement recousu sur place et s’en sort avec une cicatrice de 7 centimètres.

"Ça n’aurait jamais dû avoir lieu dans un stade. On savait que ça allait être un match avec beaucoup d’électricité mais pas à ce point-là", témoigne aujourd’hui Clément. Mais il l’assure : lui et son grand frère continueront de soutenir les Dogues en se rendant aux matchs.

Rémy, supporter lensois blessé à la tête par un siège et évacué par civière

De l’autre côté de la barrière escaladée par certains Lillois, plusieurs supporters lensois ont également été blessés dans la tribune Henri Trannin, réputée pour accueillir des familles. C’est notamment le cas de Rémy, un pompier volontaire qui ne rate quasiment aucun match à Bollaert.

Il raconte. "J’entends que ça s’agite, je me retourne et je vois que le cordon de stewards qui protégeait la zone tampon entre les supporters lensois et lillois cède, ils sont totalement submergés. Je vois des Lillois qui commencent à escalader les grilles. Et là il y a un double mouvement de foule : les Lensois qui veulent aller en découdre avec les Lillois et les Lensois, notamment des familles, qui veulent s’extraire de cette zone très tendue". 

Rémy aperçoit un père et son fils en danger et décide d’aller les aider. "J’étais dos aux Lillois et j’essayais de raisonner les supporters Lensois". C’est alors qu’il reçoit un projectile sur la tête. "Je vois un siège à mes pieds et j’étais très sonné. Je mets ma main, je vois plein de sang. Et après black-out. Je me souviens que je tombe. Puis on me relève et je suis pris en charge par les secouristes sur place".

Le supporter lensois retrouve ensuite ses esprits. Il est évacué par civière et passe devant le parcage visiteur. Comme le montre cette vidéo, on peut entendre des supporters lillois hurler à plusieurs reprises "Tuez-le".

Rémy passera la nuit en observation à l’hôpital pour des examens complémentaires. Il s’en sort avec une cicatrice sur le crâne et quatre points de sutures.

Le supporter de Lens a décidé de porter plainte contre X pour coups et blessures. "Je veux que ça serve. Ça aurait pu être un gamin, ça aurait pu être mon gamin. Si je porte plainte et que j’accepte de témoigner, c’est pour que ça ne se reproduise plus". Avant de conclure. "La connerie n’a ni couleur, ni blason. Je ne viens pas au stade pour voir des gamins de 9 ans partir en hurlant dans les bras de leurs parents parce qu’ils sont terrorisés par ce qui se passe".

Au terme d'une commission de discipline réunie en urgence ce lundi 20 septembre, la Ligue de Football professionnel annonce à titre conservatoire le huis-clos total du stade Bollaert pour les deux prochains matchs à domicile. Les supporters lillois sont privés de déplacement jusque début octobre. Des sanctions définitives seront annoncées le 6 octobre prochain.

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