Ce soir, l'ESSM Le Portel fête sa montée en Pro A de basketball. Son coach, qui a fait parvenir son équipe au sommet, combat un autre adversaire : le cancer.
Les doigts posés sur une bague électronique sous la pomme d'Adam, une voix rauque, et la conscience des enjeux à venir. Après la victoire de l'ESSM Le Portel contre Evreux en finale des playoffs d'accès en Pro A, Eric Girard se satisfait de cette montée historique du club nordiste en première division française. Sans pour autant tenir pour acquis ce "Graal" obtenu au terme d'une saison magique pour les supporters. Ce soir,ces derniers fêteront avec l'équipe l'événement au "Chaudron", l'enceinte où joue à domicile les Nordistes. Mai 2016, Eric Girard sortait un livre : "Je n'ai qu'une parole" (Ed. la Martinière). Le récit d'un autre combat, contre une maladie qui a laissé des traces...Il y a un an, Eric Girard racontait dans un reportage pour Stade 2 (France 2) ce combat contre un cancer des cordes vocales qui lui a quasiment ôté la parole. Un "électro-larynx", cette fameuse bague sur laquelle il appuie, lui permet (entre autre) de communiquer avec les joueurs. Un handicap "Dark Vador" qu'il a su surmonter pour grimper avec son équipe au sommet du basket professionnel hexagonal.
"Prendre un peu de recul"
Le cancer l'a laissé aphone en février 2013. Il n'a pourtant jamais raccroché le costume d'entraîneur. Il est le coach du Portel depuis 2012, et compte bien le rester, avec ce nouveau succès. Après son opération en 2013, l'homme est certes devenu moins volubile, mais plus philosophe qu'avant. Aux entraînements, il observe, et donne calmement les consignes. C'est son assistant qui s'occupe de crier sur le terrain.Eric Girard constate lui-même son changement de charisme : "J'étais comme la plupart des entraîneurs à parler fort, voire très fort. Mais très souvent, cinq minutes après, je regrettais les paroles que j'avais pu prononcer ou la façon dont j'avais exprimé ma frustration ou ma colère." Le cancer, "Cela me permet de prendre un peu de recul."
Un maître du parquet
Benoît Mangin, meneur du Portel, a écouté son coach jusqu'à la consécration de vendredi. "Il arrive à se faire comprendre, quoi qu'il arive. En 2015, avant d'entrer en jeu, Eric Girad m'avait écrit quelque chose sur le parquet." En match, les consignes sont donnés sur tablette, et via son assistant. Un coach loin de ses joueurs ? C'est tout le contraire. Et le coach le sait. "Il faut trouver des artifices pour entrer en contact avec ses joueurs", reconnaît Eric Girard. "Les yeux, la gestuelle, les bruits, des codes entre nous... Tout ça interpelle les joueurs."Ce coach emblématique, surpassant son cancer et son handicap, ammène ses hommes à se surpasser. "Qu'importe les problèmes qu'on a dans la vie, il faut avancer. Et la preuve : tout est possible." L'homme a déjà un palmarès. Avant de rejoindre Le Portel, il a décroché le titre de champion de France de basket avec Strasbourg en 2005. Au tour de l'ESSM Le Portel ? Sans lâcher jamais ses rêves, sa détermination, la victoire est la seule voix d'Eric Girard.