Selon le journal L'Equipe, le club espagnol de l'Atletico Madrid serait en passe d'acquérir les parts d'Hafiz Mammadov dans le Racing Club de Lens.
Après le drapeau azerbaïdjanais, verra-t-on bientôt un drapeau espagnol flotter sur la Gaillette ? Selon le journal L'Equipe, le prestigieux Atletico Madrid serait en passe d'acquérir les parts d'Hafiz Mammadov dans le RC Lens. Les discussions seraient menées par le directeur général du club madrilène, Miguel Angel Gil Marin. "C'est un dossier extrêmement compliqué, mais oui je vous confirme la réalité des négociations de longue date", a confirmé un responsable du club au quotidien sportif.
Devant la DNCG lundi
Le dossier est compliqué à l'évidence, en raison du caractère insaisissable d'Hafiz Mammadov qui n'a jamais donné suite à la demande de rendez-vous de l'homme d'affaires belge Grégory Maquet, qui proposait 2.5 millions d'euros (+ 15 millions en investissement) pour racheter les Sang et Or. Le dossier l'est également sur le plan juridique car Mammadov n'est pas actionnaire direct de la Société Anonyme Sportive Professionnelle (SASP) Racing Club de Lens. C'est son entreprise - le Baghlan Group - qui détient 99,99% des parts de RCL Holding, la société parisienne qui possède, elle, le RCL. Mais Mammadov et Baghlan ne sont pas seuls à bord de cette holding qui compte pour actionnaire ultra-minoritaire Gervais Martel. Ce dernier ne détient que 0,01% des parts mais les statuts négociés avec Mammadov lui accordent 40% des voix au conseil d'administration mais aussi une minorité de blocage sur toutes les décisions stratégiques majeures.L'Atletico souhaitera-t-il revoir cette répartition des pouvoirs ? En tout cas, Gervais Martel, lui, ne semble pas vouloir faire obstacle à ce projet de reprise. "J’ai toujours dit que mon cas était secondaire", a-t-il rappelé jeudi à La Voix du Nord. "Le plus important, c’est la pérennité du club". "Le plus important, c’est qu’Hafiz ait accepté de céder ses parts. (...) C’est un très bon deal pour le club", a-t-il ajouté sans toutefois citer le nom du club espagnol préférant uniquement mentionner "un repreneur européen". D'après L'Equipe, le président lensois a obtenu audience auprès de la Direction Nationale de Contrôle de Gestion (DNCG) lundi prochain pour présenter ce projet de reprise. Mais le gendarme financier exige une offre écrite et concrète.
Le club le plus endetté d'Espagne
Actuel leader du championnat espagnol, l'Atletico Madrid est aussi le n°1 de l'endettement de l'autre côté des Pyrénées : 70 millions d'euros de dettes fiscales et 130 millions de créances bancaires, rappelle L'Equipe. Mais le club madrilène reste malgré tout dans les clous fixés par la DNCG espagnole. Les Colchoneros sont propriétaires de leur stade et ont reçu le soutien financier, en janvier 2015, d'un gros groupe immobilier, Wanda, qui a acquis 20% de son capital et investi 45 millions d'euros.Auparavant l'Atletico Madrid s'était tourné vers l'Azerbaïdjan et un certain... Hafiz Mammadov. La marque "Azerbaijan, Land of Fire" - créée par l'homme d'affaires pour promouvoir l'image de son pays - a d'abord fait son apparition sur le maillot madrilène. Un partenariat très étroit avait été noué entre le club et la république caucasienne. Mais Mammadov aurait aussi laissé quelques ardoises là-bas. Faut-il y voir une relation de cause à effet ?
La Gaillette future pépinière de l'Atletico ?
Si ce projet se concrétise, Lens deviendrait ainsi une sorte de "filiale" de l'Atletico Madrid, à la manière de ce qui a pu exister entre le LOSC et le club belge du Royal Mouscron Péruwelz. Les Sang et Or profiteraient ainsi du soutien financier du club espagnol et pourraient peut-être récupérer, à terme, dans leur effectif, des joueurs de l'Atletico en manque de temps de jeu. De l'autre côté, les Colchoneros bénéficieraient d'un "droit de préemption" naturel sur les jeunes pépites de la formation lensoise. Selon RMC toutefois, ce projet risquerait d'être compromis par la récente interdiction de recrutement frappant l'Atletico décidée par la FIFA qui reproche au club d'avoir enfreint le règlement sur les transferts internationaux de joueurs mineurs.Ce genre de réseau tend en tout cas à se développer dans le football actuel. L'Italien Giampaolo Pozzo, propriétaire de l'Udinese (Italie), a aussi acheté les clubs de Watford (Premier League anglaise) et Grenade (Liga espagnole). Le Belge Roland Duchâtelet détient lui aussi plusieurs équipes en Europe - Charlton (Angleterre), Saint-Trond (Belgique) et Alcorcon (Espagne) - tout comme la marque Red Bull (Red Bull New York, Red Bull Salzbourg, RB Leipzig...). Mais ce modèle n'est pas toujours apprécié par les supporters qui dénoncent parfois une perte d'autonomie de leur club, voire une perte d'identité. Rappelons aussi que selon les règlements de l'UEFA, deux clubs d'un même propriétaire ne peuvent pas disputer une même compétition européenne. Mais concernant Lens, cette question n'est pas vraiment d'actualité pour l'instant.