L'histoire de Martin, 24 ans, SDF lillois, suscite de nombreux commentaires et des dons sur les réseaux sociaux.
"Martin, 24 ans, Français. Je souhaite récolter 15€ pour dormir à l'auberge de jeunesse. Je ne bois pas, je ne me drogue pas...Pouvez-vous m'aider SVP ?" C'est cette pancarte qui a un jour interpellé au Faubourg de Béthune à Lille, Mikael Boudal, un ancien bénévole de la Croix-Rouge.
Il s'arrête pour parler avec le jeune SDF lillois, est touché par son histoire et se met en tête de l'aider. "Il y a beaucoup de gens qui disent qu'il veulent m'aider mais souvent ça ne débouche sur rien de concret, raconte Martin. Mais cette fois, je sens que ça bouge. Ça me touche beaucoup."
Effectivement, ça bouge. Une cagnotte en ligne a été lancée et l'histoire de Martin circule sur les réseaux sociaux : #SortonsMartinDeLaRue. Objectif : permettre à ce sans-domicile de retrouver un boulot : "J'aimerais travailler pour Ubereats. Pour cela, il me faut un smartphone, un sac à dos et un vélo". 1700 euros ont déjà été collectés; bien au-delà des 1000 euros demandés au départ. "Je n'ai pas de mot assez fort pour vous dire ma gratitude car je n'aime pas qu'on m'aide. Mais parfois, il faut savoir dire un simple "Merci".
Sortons Martin de la rue - Leetchi.com
L'actualité nous parle de plan pauvreté, de projets d'hébergements pour les personnes vivants dans la rue,... de l'abstrait quand on est confronté au quotidien de la
"Je suis un peu perdu"
De quoi changer la vie de Martin ? "Vous savez, j'ai un lourd passé, raconte-t-il, sincère et lucide. J'ai volé pour aider ma famille. J'ai encore beaucoup de marches à franchir. Mais je veux m'en sortir. C'est pour ça que j'écris que je ne bois pas, que je ne me drogue pas. Je veux sortir du cliché du SDF."
L'histoire de Martin est celle d'un jeune qui galère. Il avait un boulot et un logement jusqu'à cet été et puis tout s'est mal enchaîné : "Manutentionnaire informatique il y a moins de 6 mois, Martin a perdu son emploi (pour des histoires de retard, notamment à cause des grèves SNCF), raconte Mikael Boudal. Martin a perdu son logement. Depuis 3 mois, il a rejoint la rue, comme, hélas, sa soeur et son copain. Ils se retrouvent à trois au carrefour du Faubourg de Béthune à Lille. Ils doivent arriver tôt car le point est convoité et peut être source de conflit, même entre démunis. Son défi quotidien est de récolter assez d'argent pour passer la nuit en auberge de jeunesse. Où il dormira au chaud mais dans des conditions sommaires."
Pourquoi n'a-t-il pas demandé de l'aide à des associations ? Ou à Pôle emploi ? "Je suis un peu perdu, reconnaît-il. On m'a volé mes papiers. Je n'ai plus rien."
« Malheureusement il y a des gens dehors qu’on ne peut plus aider, mais pour lui il n’est pas trop tard. C’est vraiment quelqu’un qui vaut le coup », explique à La Voix du Nord Mikael Boudal. L'ancien propriétaire de Martin se dit prêt à lui redonner les clés de son logement si les dettes lui sont payées.
Ironie de l'histoire, avant d'être à la rue, Martin offrait des tentes et des repas chauds aux migrants et aux SDF. Fan de Cyril Hanouna, il espère bientôt pouvoir regarder tranquillement TPMP de temps en temps, bien au chaud.
SDF, solidarité et réseaux sociaux
L'an dernier, à la même époque, Alexandre, un SDF lillois avait retrouvé un emploi grâce à Facebook et un élan de solidarité créé par une habitante qui ne le connaissait pas. "C'est incroyable, je pensais pas qu'il y avait autant de générosité sur les réseaux sociaux. Alors que paradoxalement dans la rue on ne nous regarde pas, on évite notre regard", réagissait-il à l'époque..De quoi réfléchir sur la surprenante et désarmante puissance des réseaux sociaux qui de temps à autre, met des visages sur la galère et la pauvreté.