"Interdiction de recruter": la DNCG, gendarme du foot français, a tranché dans le vif mardi, accablant un peu plus le LOSC avec une énième mauvaise nouvelle après le limogeage douloureux de l'entraîneur-phare Marcelo Bielsa et un classement actuel de barragiste (18ème).
La décision
Le "relevé de décisions" de la Direction nationale du contrôle de gestion publié mardi soir sur le site de la LFP est lapidaire : "Losc : interdiction de recruter". Cela laisse à penser que la situation financière du club est entrée dans la zone orange, synonyme d'alerte.
Seuls les clubs reçoivent, de la part de l'instance de contrôle de la santé financière des clubs, l'intégralité de sa décision, qu'ils peuvent choisir de rendre publique ou non.
Les dirigeants du club lillois n'ont donc pas convaincu les membres de la DNCG à Paris, qui auraient pu opter pour une décision moins contraignante comme le simple encadrement de la masse salariale et des indemnités de mutation.
Ce qui étonne dans cette décision de la DNCG, c'est que c'est une interdiction ferme de recruter. Même les prêts sont interdits au #LOSC, ce qui est assez rare.
— Yann Fossurier (@YannFossurier) 12 décembre 2017
Ce type de décision est relativement rare. Pour le mercato d'hiver, seul Sochaux a reçu la même "sanction".
Les conséquences
La sanction, dont on ignore la durée, s'applique avec effet immédiat et notamment sur le prochain mercato, celui d'hiver, qui débutera en France le 1er janvier. Le LOSC ne pourra donc recruter pour se renforcer ou rééquilibrer un effectif qui a montré ses limites. Pas de défenseur latéral, pas d'attaquant...
Cette décision est un coup dur pour le club de la capitale des Flandres qui se traîne à la 18e place de L1 alors qu'il visait en début de saison le top 5. Sans doute, l'arrivée de quelques joueurs plus expérimentés, dans un effectif très jeune, lui aurait permis d'affronter de manière un peu plus sereine la course au maintien.
En revanche, le LOSC devrait pouvoir théoriquement recruter un nouvel entraîneur. L'interdiction de recruter ne s'applique, selon le réglement de la DNCG, qu'aux joueurs.
Juin à Lille:
— François Launay (@francoislaunay) 12 décembre 2017
-Top 5
-Bielsa
-Campos et la planche à billets
-#LOSCUnlimited
Décembre à Lille
-18e de Ligue 1
-Da Cruz
-DNCG et interdit de recruter#LOSCUltraLimited
La réaction du club
Dans un communiqué publié vers 23h30, le LOSC dit sa surpris face à la décision de la DNCG, que le club qualifie même d'"inattendue". "Le LOSC attend désormais que lui soit notifiée la décision intégrale de la DNCG afin de prendre connaissance et d’analyser précisément les motivations de celle-ci. Dans le parfait respect des instances et règlements, les dirigeants lillois sont déterminés à étudier les recours existants et convaincus de pouvoir apporter, face aux exigences de la DNCG, les réponses complémentaires nécessaires afin de faire une nouvelle fois la démonstration de la solidité du projet économique du club et de poursuivre les plans de croissance et d’investissement souhaités pour le LOSC."
Décision de la DNCG du 12 décembre : communiqué du LOSC
— LOSC (@losclive) 12 décembre 2017
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Un appel est donc envisageable. Il est prévu par le réglement. En clair, si le LOSC amène de nouvelles pièces, garanties financières ou éléments de compréhension, sa situation pourrait être réétudiée. Et donc, à tout moment, la sanction pourrait être levée.
Hormis ce communiqué, les dirigeants du LOSC ne parlent pas aux journalistes pour le moment.
Les coulisses
Le président Gérard Lopez et le directeur général Marc Ingla ont été reçus à la LFP ce mardi à 16h. Ils en sont ressortis vers 17h15. Sans faire de commentaires. Mais l'optimisme semblait de rigueur. La Voix du Nord explique même que "plusieurs sources indiquaient même que Lille allait éviter les sanctions après que Gérard Lopez eut apporté des garanties bancaires estimées à près de 25 millions d’euros."
Selon RMC, c'est tout l'inverse qui s'est passé. La radio cite des sources à la DNCG qui indiquent qu'une "relégation à titre conservatoire" a été envisagée. Sanction encore plus lourde donc qui laisse penser que le gendarme du foot n'est pas convaincu par le montage financier complexe et risqué de Gérard Lopez. Les dépenses jusqu'à la fin de saison ne semblent pas garanties et la DNCG ne voulait pas que le LOSC aggrave sa situation en dépensant encore au prochain mercato (après avoir investi 70M€ au mercato d'été).
La vente de De Préville juste avant la fin du mercato d'été prend désormais tout son sens. Les "raisons financières" évoquées à demi-mot ne font plus de doute à la lumière de ce qui se passe aujourd'hui.
Je l'ai déjà écrit plusieurs fois, mais si un investisseur de l'envergure de @CouckeMarc a renoncé à reprendre le #LOSC , c'est que l'équilibre financier du club est très compliqué trouver. Pas de baguette magique avec un déficit d'exploit de 30/40M€ par saison #DNCG
— Yann Fossurier (@YannFossurier) 12 décembre 2017
Il faut aussi rappeler que la DNCG s'était déjà montrée sceptique et prudente l'été dernier, demandant des "garanties supplémentaires" au LOSC. « Il a fallu faire preuve de pédagogie », avait raconté après-coup Barthélémy Courteault, l’un des avocats qui ont épaulé Gérard Lopez pour le rachat du club nordiste. «Il était aussi important d’expliquer à l’instance chargée de surveiller les comptes des clubs de football professionnels les mécanismes de financement modernes issus du private equity et l’ingénierie financière qui peut ainsi être utilisée. Des modes de financement non bancaires auxquels la DNCG n’est pas forcement habituée. »
Incompréhension ? Rappelons que le président du LOSC a décidé de financer son investissement avec des emprunts obligataires, notamment auprès du fonds Elliott management, connu pour être un fonds dit vautour, très exigeant avec ses créanciers.
La situation financière du LOSC suscite de nombreuses questions, depuis la reprise du club par Gérard Lopez. Mais les dirigeants s'étaient toujours montrés jusque-là très confiants, rassurants, balayant les critiques. "C'est normal d'avoir autant de demandes et d'enquêtes car c'est un projet encore jamais vu en France", avait alors expliqué le directeur général Marc Ingla lors d'une réunion de crise avec les supporters fin novembre.
#LOSC : un passage délicat à la DNCG le 12 décembre ? Une interdiction de recruter ?@jdomenighetti, rédacteur en chef adjoint à l'Equipe a livré des infos en exclusivité dans "45 minutes" hier soir.
— France 3 Nord (@F3nord) 5 décembre 2017
REPLAY https://t.co/LJPRSmx8QH pic.twitter.com/7bzVyZV2o2
Un supporter présent à cette réunion nous expliquait même : "La seule chose qu'ils ont annoncé, c'est qu'ils veulent recruter deux ou trois joueurs au prochain mercato. Si c'est de la com' et s'ils se font retoquer par la DNCG, ils ne recruteront pas. Mais à part leur confiance, je ne peux pas faire grand-chose. On en saura plus dans quinze jours."
L'avenir
Si le LOSC ne parvient pas à faire changer d'avis la DNCG, elle ne pourra recruter et devra peut-être même vendre. C'est ce qu'avançait ce mardi soir Philippe Doucet, journaliste à Canal +, évoquant les noms de Soumaoro ou Amadou : "Il est probable que non seulement Lille ne va pas pouvoir recruter, mais va peut-être même devoir vendre au mercato d'hiver".
Thiago Mendes serait aussi, selon un média parisien, sur les tablettes du PSG. Il faudra observer de près l'accueil fait par les Lillois aux éventuelles avances parisiennes pour leur meilleur joueur du début de saison...
Info @doucetphilippe2 : "Il est probable que non seulement Lille ne va pas pouvoir recruter, mais va peut-être même devoir vendre au mercato d'hiver" #LateFC #LOSC pic.twitter.com/gXtEOhQ1ay
— Late Football Club (@LateFootClub) 12 décembre 2017
Au-delà, c'est l'image et la crédibilité du LOSC qui sont sévèrement touchées par cette décision de la DNCG. Et comme sur le terrain, les résultats ne suivent pas du tout, la survie du club est désormais en jeu. Rien de moins.