Cette maladie, qui peut être mortelle si elle n'est pas soignée, ne touche pas que les personnes au contact de la nature !
Vous consommez des légumes cultivés dans un potager non-clôturé, promenez souvent votre chien en pleine nature ou manipulez parfois des renards ? Mieux vaut vous montrer prudent, car plusieurs cas d'échinococcose alvéolaire ont été détectés sur des renards dans le Nord et le Pas-de-Calais.
Cette maladie provient du ténia, un ver qui élit domicile dans l'estomac des renards, d'où le nom de "Maladie du Renard". Philippe Wartelle, président de l'Association de soutien et défense des personnes contaminées par l'échicoccose alvéolaire (ASDPCEA), basée à Cappelle-en-Pévèle, insiste sur les dangers de cette maladie "qui concerne tout le monde" et "ne touche pas seulement les utilisateurs de la nature."
Comment s'attrape la maladie ?
Les ténias à l'origine de la maladie sont mangés par les campagnols, à son tour mangés par le renard dont ils parasitent l'estomac. Ils pondent alors "200 œufs tous les dix jours" et ces œufs, qui se retrouvent sur les déjections de l'animal, restent contaminantes pendant deux mois.Il suffit qu'un de ces œufs entre en contact avec un légume ou le pelage d'un chien pour pouvoir, ensuite, être transmis à l'homme. Les symptômes n'apparaissent pas avant plusieurs années, puisque comme le rappelle Philippe Wartelle, l'échinococcose nécessite "entre cinq et dix ans d'incubation". Et d'ajouter : "Ça se développe et ça ne fait pas mal. Quand ça se met à faire mal, c'est déjà mal engagé..."
Pourquoi est-ce dangereux ?
La maladie peut être mortelle si elle n'est pas traitée à temps... surtout que "beaucoup de cas sont confondus avec un cancer du foie, une jaunisse ou une hépatite."Il y a quelques années, "une dame 41 ans qui manipulait des renards était morte dans l'Orne" Un autre homme, soigné pour un cancer du foie, a appris quelque semaines avant son décès qu'il souffrait d'une échinococcose. "Des cas comme ça, j'en a plein !"
Le Nordiste compte 40 cas positifs en France chaque année, 800 depuis 1981. La différence, c'est qu'"aujourd'hui, on n'en meurt pas"... à condition d'être traité à temps.
Car dans le foyer historique de la maladie, en Franche-Comté, les médecins sont très bien informés et l'hôpital de Besançon a un service spécialisé. Surtout, la Sécurité sociale y rembourse à 100% la prise en charge. "En Franche-Comté, les médecins savent reconnaître l'échinococcose, mais en dehors, ils n'y pensent pas forcément."
La sensibilisation dans les Hauts-de-France ne se fait donc pas uniquement auprès des usagers, mais aussi du personnel médical.
Comment s'en prémunir ?
Voici les principaux conseils pour ne pas risquer la contagion :- Se laver les mains avant chaque repas.
- Rincez à l'eau courante les fruits et légumes cueillis, surtout s'ils sont issus d'un potager non-clôturé.
- Faire cuire un maximum les végétaux : une cuisson à 60°C détruit le parasite, mais la congélation ne le tue pas.
- Vermifugiez au moins deux fois par an votre chien ou votre chat.
- Ne pas porter les mains à sa bouche lors d'activités en nature.
- Porter des gants jetables en manipulant des renards.
Les symptômes se traduisent par des douleurs au foie ainsi qu'un gonflement au niveau du ventre, des signes qui font généralement plutôt penser à un cancer du foie.
L'urgence de sensibiliser
Malgré ces dangers, on entend peu parler de cette maladie. L'ASDPCEA de Philippe Wartelle se mobilise au niveau des sentiers de promenade, dans les forêts. "Il y a jamais d'informations précises là-dessus. C'est dommage !" confie une joggeuse, pour qui "c'est une première."
La vie d'Aline aurait pourtant été bien différente, si elle avait su de quoi elle souffrait d'être opérée pour une énorme tumeur au foie en 2012.
"Le médecin était persuadé pour lui que c'était un cancer, mais heureusement qu'il a envoyé à l'analyse", où l'on s'est aperçu que "c'était bien une échinococcose alvéolaire. Moi j'ai envie de le faire savoir justement pour que ça n'arrive pas à d'autres, tout simplement. Mon histoire, je la souhaite à personne !"
Surtout qu'en six ans, les renards se sont approchés encore davantage des villes, prévient Philippe Wartelle : "Il en a de plus en plus, ils sont aux portes de Lille ! En banlieue lilloise , ily en a, au Touquet les renards se baladent la nuit dans les rues. Donc des crottes de renard avec des oeufs contaminants sont partout, il faut vraiment faire attention !"