Marine Le Pen, candidate FN à la tête de la région Nord-Pas-de-Calais-Picardie, a promis vendredi "un maximum de barouf", si elle est élue en décembre, pour "faire plier l'Etat" afin qu'il fasse "enfin respecter la loi" à Calais (Pas-de-Calais).
"Le futur président du Nord-Pas-de-Calais-Picardie doit faire un maximum de barouf possible, mettre tout le poids des millions d'habitants qu'il représente pour faire plier l'Etat, et que l'Etat fasse enfin respecter la loi républicaine sur le territoire de la région, et notamment à Calais", a déclaré la présidente du Front national en conférence de presse. Elle a évoqué une "ville martyre", "assiégée" et une "situation apocalyptique dans la +New Jungle+", où sont entassés environ 3.000 migrants, au bord de la rocade calaisienne d'accès au port."On peut au moins interpeller l'Etat avec des paroles fortes, faire venir les médias du monde entier pour leur montrer comment vivent les Français aujourd'hui", a plaidé l'eurodéputée. Le Conseil régional doit aussi "cesser toute subvention aux associations d'aide aux migrants", a-t-elle dit, visant notamment l'Association des élus hospitaliers, qui touche selon elle 100.000 euros, ou l'association "Salam".
Moyens limités
"Des sommes considérables sont versées par l'Etat, ça finit un moment par chiffrer", a critiqué la dirigeante d'extrême droite. Mme Le Pen a reconnu que ses moyens seraient limités si elle accédait à la présidence de la région: "Y a-t-il d'autres moyens qui rentrent dans les compétences des régions? Réponse: non.""Je ne vais pas créer une police spéciale migrants, je serais très en dehors des clous, je ne vais pas faire fermer des centres ni monter un centre de rétention, je serais en dehors des compétences", a-t-elle concédé. Mais, a-t-elle poursuivi, "vous avez tort de penser que la pression psychologique n'a aucun effet. (Le ministre de l'Intérieur Bernard) Cazeneuve a mis des policiers dans la jungle précisément à cause de notre action. Par la simple puissance de notre voix, nous pouvons faire bouger", a ajouté Mme Le Pen.
Dans la soirée, devant environ 400 personnes réunies en meeting, Marine Le Pen a évoqué pendant près d'une heure la question de l'immigration dans un discours prenant parfois des allures de stand-up, deux semaines après avoir lancé sa campagne à Amiens en abordant ses propositions économiques. "Vous êtes des Français sacrément courageux, des résistants de tous les jours", a-t-elle lancé aux Calaisiens présents dans la salle.
"Je n'accepte pas de voir la République battre en retraite à Calais, de voir des Français devenir des étrangers chez eux", a dit la candidate, avant de dérouler son programme... présidentiel sur le sujet: "arrêter de rendre la France attractive pour les immigrés" ; "plus d'aide médicale d'Etat, plus de logement gratuit, plus d'indemnités, plus rien" ; "retrouver nos frontières nationales et quitter Schengen" ; reconduite à la frontières des immigrés illégaux.
"Tolérance zéro"
Pour elle, il aurait fallu dès le début appliquer la "tolérance zéro", et "comme (les migrants) n'ont pas tellement le goût de l'effort inutile, d'autres ne seraient pas venus". Calais "pour elle c'est du speed-dating électoral, l'histoire d'un soir", a raillé Frédéric Cuvillier, député-maire de Boulogne-sur-Mer et tête de liste PS dans le Pas-de-Calais, venu vendredi soir en meeting dans la ville.Une trentaine de militants associatifs et simples citoyens ont aussi manifesté à quelques centaines de mètres du lieu de la réunion publique, tenus à l'écart par les forces de l'ordre.