En 2014, le roman autobiographique d'Eddy Bellegueule, devenu Edouard Louis, avait connu un grand succès auprès de la critique. L'auteur, originaire d'un village de la Somme, y décrivait l'enfance malheureuse d'un garçon "différent" et efféminé issu d'une famille ouvrière.
Marvin a remplacé Eddy, l'écrivain est passé comédien, mais la trame est là. Ce mercredi, on trouvera à l'affiche des cinémas l'attendu Marvin ou la belle éducation. Le film d'Anne Fontaine est largement inspiré du premier livre à succès d'Edouard Louis, En finir avec Eddy Bellegueule (ed. Seuil). Pendant près de deux heures, on suit le parcours du jeune Marvin Bijoux (interprété par Jules Porier et Finnegan Oldfield), brimé ou violenté dès l'enfance par sa famille, ses proches et ses camarades en raison de son homosexualité.
Un arc narratif commun avec le "roman autobiographique" du Picard qui, à sa sortie en 2014, avait fait l'effet d'une bombe dans son village d'Hallencourt, dans la Somme. Les 1 400 habitants de la commune y sont dépeints comme souvent frustres et à l'occasion racistes, sexistes et homophobes. La confusion entre fiction et récit personnel a été entretenue par l'auteur qui déclarait en interview : "Eddy Bellegueule, c'était moi". De nombreux proches de l'auteur, certains identifiables dans l'ouvrage, ont déclaré ne pas se reconnaître sous sa plume et ne pas comprendre sa démarche.
L'auteur, qui a déménagé à Paris pendant ses études pour suivre des cours à l'Ecole Normale Supérieure, n'a pas souhaité que son nom apparaisse au générique. Après lecture, la réalisatrice avait acheté les droits du roman, qui avait reçu un accueil élogieux de la critique et a été écoulé à 300 000 exemplaires. Elle en livre une réinterprétation, transposant l'enfance du protagoniste dans le Vercors et mettant plus l'accent sur la révélation et l'émancipation parisienne de celui qui, comme l'auteur, finit par changer de nom pour devenir Martin Clément.