Alors qu’une étape du tour de France cycliste naturiste doit rouler de Tournai à Lille samedi 30 juillet, la préfecture du Nord a interdit son passage dans la métropole lilloise.
Le 30 juillet débutera la 13ème étape d’un tour de France un peu particulier, puisqu’il se réalise en étant nu sur un vélo. Ces cyclistes d’un nouveau genre ne pourront toutefois pas pédaler dans le plus simple appareil, ni à Tournai, ville de départ, ni à Lille, ville d’arrivée. Dans un arrêté paru le 22 juillet 2022, la manifestation revendicative organisée sous le label “World Naked Bike Ride” ou “cyclonue”, a en effet été interdite à Lille par la préfecture du Nord, ainsi que dans toutes les communes du parcours, à savoir Willems, Tressin, Baisieux, Forest-sur-Marque, Villeneuve d’Ascq et Mons-en-Baroeul.
Une interdiction de manifester motivée par le circuit établi, d’une durée de 22,5 kilomètres, avec un passage “sur des chemins de randonnée touristiques très fréquentés, dans des lieux accessibles aux yeux d’un nombreux public familial en cette période estivale et premier jour de week-end, favorisant l’exposition du cortège au plus grand nombre”, est-il écrit dans l’arrêté. Quelques lignes plus loin, il est également précisé que “l’exhibition sexuelle est susceptible de produire des troubles à l’ordre public”.
Nus ou rien
Tandis que la préfecture indique avoir tenté de faire modifier le mode de manifestation - la nudité, il est mention du refus “catégorique” de l’organisateur. Un refus assumé par Jean-François Feuteun, président du Mouvement naturiste, porteur du projet en France : “Pour nous c’est rédhibitoire parce que ça change la nature de notre message. La nudité représente la fragilité de l’humanité face aux enjeux climatiques ou de sécurité routière, car “un cycliste nu est un cycliste vu”, indique-t-il.
L’objectif reste donc inchangé : parcourir une grande boucle en 16 étapes du 14 juillet au 4 août, “aussi nu que vous osez”, peut-on lire dans la description du groupe Facebook. 25 à 50 kilomètres par jour pour mettre un coup de projecteur sur différentes problématiques locales selon les étapes : les ressources halieutiques au départ en Bretagne ou, pour Tournai-Lille, les réfugiés climatiques. "Les problèmes climatiques vont aussi engendrer des guerres de l’eau. On ne peut pas rester dans cette posture à ne pas en parler et anticiper”, déplore Jean-François Feuteun.
Deux étapes autorisées
À ce jour, sur les 16 étapes, 14 ont été soumises à ce type d’arrêté et deux - Lyon hier et Dijon demain, ont pu être négociées. “C’était ok dès lors que nous n’allions pas vers le centre-ville. Nous sommes également en pleine négociation pour faire un autre parcours au départ de Tournai, mais nous verrons si on nous bloque à la frontière”, indique le président du Mouvement naturiste.
Dans tous les cas, ceux qui le souhaitent pourront participer à la manifestation, qui aura bien lieu le 30 juillet. “Hier à Lyon, il y avait 50 participants de 9 à 72 ans”, se réjouit Jean-François Feuteun : “Mais c’est complètement désespérant de voir tous ces arrêtés. Quel est le problème en France pour qu’elle ne puisse accepter ce type de manifestation qui se fait tout naturellement depuis 20 ans dans de grandes capitales ?”