Un recensement qui n'est "pas exhaustif" selon l'observatoire qui en est à l'origine.
Quelque 63.000 personnes, essentiellement étrangères, ont été évacuées d'abris informels lors de 1.159 expulsions depuis la dernière trêve hivernale, a annoncé vendredi un observatoire de surveillance de ces opérations dans une "première photographie" annuelle en France.
Les personnes concernées vivaient dans des tentes, des cabanes, des caravanes, ou occupaient des immeubles et des maisons, souligne l'Observatoire des expulsions de lieux de vie informels, créé l'an dernier par plusieurs associations dont Médecins du monde, la Ligue des droits de l'homme, le Collectif Romeurope ou encore la Fondation Abbé Pierre.
"Entre le 1er novembre 2018 et le 31 octobre 2019, 1.159 expulsions ont été recensées" en France métropolitaine, et exécutées par les forces de l'ordre, indique le rapport rendu public vendredi. "Près de 63.000 personnes vivaient dans ces lieux", souligne-t-on dans un communiqué.
Recensement "pas exhaustif"
Le recensement "n'a pas pour but d'être exhaustif", concède Camille Gutton, responsable chez Médecins du monde et co-auteure du rapport, auprès de l'AFP. "Mais ça donne une tendance, une première photographie" de la situation.
L'étude souligne d'ailleurs que les données sont recueillies sur la base d'une veille médiatique et de signalements de bénévoles, présentant de fait "certaines limites".
Au-delà des chiffres, reprend Mme Gutton, "ce sont les conséquences sur les personnes, qui vivent dans l'angoisse permanente d'être expulsées, et qui ont des parcours d'insertion brisés, qui interpellent".
Insalubrité
Dans le détail, 85% des expulsions ont eu lieu "dans les seules villes de Calais et Grande-Synthe, où de nombreuses personnes exilées" vivent "dans des lieux de vie insalubres". Il s'agit, en "grande majorité" d'Afghans, d'Erythréens et de Soudanais.
Les 181 autres expulsions concernent des personnes originaires d'Europe de l'est, "Roms ou perçues comme tels".
Près de 90% de ces expulsions "n'ont donné lieu à aucune proposition de mise à l'abri, d'hébergement ou de relogement", regrette l'observatoire.