La maire (PS) de Lille Martine Aubry et l'écologiste Daniel Cohn-Bendit, parmi d'autres signataires, reprochent à François Hollande et Manuel Valls de conduire à l'"affaiblissement durable de la France", dans une tribune publiée mercredi dans Le Monde.
"Il est des vérités désagréables à dire, mais il est des moments où il faut savoir les mettre en pleine lumière. Trop, c’est trop ! Les motifs d’insatisfaction sur les politiques menées depuis 2012 n’ont pas manqué, et nous-mêmes, comme d’autres, n’avons pas manqué d’alerter. Depuis quelques mois, ces désaccords se sont mués en une grande inquiétude. La colère populaire s’est confirmée sans appel par quatre défaites électorales successives.
Ce n'est plus simplement l'échec du quinquennat qui se profile, mais un affaiblissement durable de la France qui se prépare, et bien évidemment de la gauche, s'il n'est pas mis un coup d'arrêt à la chute dans laquelle nous sommes entraînés", écrivent les auteurs de cette tribune, qui reprochent également à Manuel Valls "la meurtrissure de l'indécent discours de Munich", où le Premier ministre avait critiqué la politique de l'Allemagne envers les réfugiés.
"Que restera-t-il des idéaux du socialisme ?"
Martine Aubry et les co-signataires évoquent aussi parmi les points de désaccord avec le gouvernement, le pacte de responsabilité de janvier 2014, (« pacte avec le Medef qui se révéla un marché de dupes », ou le débat sur la déchéance de nationalité qu'ils jugent "désolant" et l'actuel réforme du travail en débat : « A qui fera-t-on croire qu'en multipliant les facilités de licenciements (...) qu'on favorisera ainsi l'emploi ? (...) C’est toute la construction des relations sociales de notre pays qui est mise à bas en renversant la hiérarchie des normes (…). Pas ça, pas nous, pas la gauche ! (...) Que restera-t-il des idéaux du socialisme lorsque l’on aura, jour après jour, sapé ses principes et ses fondements ?».Désaccord sur le dossier des migrants
Les signataires de cette tribune reprochent également à Manuel Valls "la meurtrissure de l'indécent discours de Munich". Le Premier ministre avait indiqué ne pas être favorable à la mise en oeuvre d'un mécanisme permanent de répartition des réfugiés dans l'Union européenne comme le propose la chancelière allemande Angela Merkel, dont il avait plus généralement, et depuis l'Allemagne, critiqué la politique migratoire. "Non, Angela Merkel n'est pas naïve, Monsieur le Premier ministre. Non elle n'a pas commis une erreur historique. Non, elle n'a pas mis en danger l'Europe, elle l'a sauvée. Elle l'a sauvée du déshonneur qui aurait consisté à fermer totalement nos portes à toutes ces femmes, ces hommes et enfants fuyant les persécutions etla mort et en oubliant ceux qui chaque jour perdent la vie en Méditerranée", estiment les signataires.
Cette tribune écrite sur un ton inédit - même si Martine Aubry a régulièrement marqué ses désaccords ces dernières années- à 14 mois de la présidentielle est destinée à devenir une pétition populaire.