Le tribunal administratif de Lille a débouté ce vendredi la préfecture du Pas-de-Calais de sa demande en référé de fermeture des commerces informels installés dans le camp de la "Jungle" de Calais, selon le texte de la décision communiqué à la presse.
Dans son ordonnance, le juge estime que "les préoccupations exprimées par le préfet du Pas-de-Calais sont tout à fait compréhensibles" mais que "les conditions d'urgence et d'utilité requises" par la loi "ne sont pas remplies pour faire droit" à sa demande "que soient expulsés les gérants des 72 structures de vente illégales recensées" sur le site.
"Des lieux de rencontres apaisés", estime le juge
Le juge des référés Jean-François Molla ne conteste pas que ces commerces "ne bénéficient d'aucune autorisation administrative" et que "certaines structures (....) ne respectent pas les règles sanitaires les plus élémentaires". Toutefois, souligne-t-il, "ces épiceries, cafés, restaurants remplissent d'autres fonctions" que l'alimentation des migrants qui "vivent dans des conditions de précarité extrême et de total désoeuvrement". Ces lieux, ajoute-t-il, "constituent des lieux de rencontre apaisés entre migrants et avec (les) bénévoles (...)".Entre le 18 et le 21 juillet, tous les commerces informels de la "Jungle" avaient été contrôlés par les autorités et 18 personnes avaient été placées en garde à vue, soupçonnées de "vente à la sauvette", avait alors rapporté la préfecture. "42 procédures judiciaires avaient été réalisées avec saisie et destruction de plus de 30 m3 de marchandises diverses dont 19 kg de produits avariés", avait-on précisé de même source. La procédure en référé devait permettre, selon la préfecture, "de mettre un terme à ces phénomènes et d'éviter toute réinstallation", mais le juge adminstratif en décidé autrement. "La fermeture, qui a déjà été ordonnée par la police entre le 19 et le 23 juillet, et qui concernait tous les types de commerces (coiffeurs, épiceries...) et la destruction de ces restaurants ont déjà et auront des conséquences graves pour les personnes survivant dans le camp de Calais", avaient plaidé huit associations dans un communiqué. 4 500 migrants vivent officiellement sur ce site, plus de 9 000 selon deux associations.