JUSTICE. 18 mois de prison pour le conducteur qui a fauché Florentin Butel, 17 ans, en décembre 2017 à Boulogne sur Mer

5 ans et 6 mois après un grave accident de la route qui a coûté la vie à Florentin Butel, l’audience avait lieu aujourd’hui mardi 20 juin au tribunal judiciaire de Boulogne-sur-Mer.

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"Je suis écœurée, c’est une honte". Aurélie Leprince a du mal à contenir sa colère. La sœur de Florentin Butel était arrivée dans la salle d’audience correctionnelle en début d’après-midi avec plusieurs photos de son frère. Au terme d’une audience lourde en émotions qui aura duré 4 heures, le jugement tombe : 18 mois d’emprisonnement aménageables pour le conducteur du véhicule, annulation du permis et interdiction de le repasser pendant six mois.

"Menteur"

5 ans et 6 mois plus tôt, le décès de Florentin Butel, 17 ans, avait créé l’émoi dans toute la région. Le 30 décembre 2017, le jeune homme rentre à pied avec un groupe d’amis après avoir passé la soirée dans la boîte de nuit Le Domaine, à Terlincthun. Vers 5h20, dans un virage rue de l’Aiglon, Rémy L. vient percuter une partie du groupe, à 65 km/h. Florentin décède sur le coup d’un œdème cérébral. Son amie, Camille Mulard, est blessée grièvement. Deux autres sont légèrement blessés. Le conducteur ne s'arrête pas et prend la fuite. 

Au début de l’audience, le président du tribunal, Xavier Charlet, prévient : "Les faits sont d’une tristesse absolue. Cette audience ne résoudra pas les questions que vous vous posez, poursuit-il en s’adressant à la famille de Florentin Butel. Elle ne va pas permettre de dire une vérité, seulement la vérité judiciaire."

Au fond de la salle d’audience correctionnelle, la mère, les sœurs et frères de Florentin, ainsi que les autres victimes de ce terrible accident de la route, sont alignés les uns à côté des autres sur un banc, soudés et silencieux. Certains poussent de temps en temps un soupir agacé, en écoutant les réponses du prévenu aux questions du président. "Vous n’aviez pas consommé d’alcool ce soir-là, monsieur L. ?" "- Non, je n’avais pas bu." "Menteur", entend-on murmurer dans le public. "– Vous êtes décrit comme quelqu’un de calme, de modéré…" "- Je ne suis pas un méchant."

"On m’a appelé dans la journée pour me dire que j’avais renversé un garçon"

Ce matin-là, Rémy L. rentre chez lui après l’accident, gare la Mercedes blanche dans le garage et va au travail. Il ne se rendra au commissariat qu'à 19h35. A la barre, l’homme de 36 ans dit qu’il ne s’est pas arrêté pour vérifier l’état du véhicule. Sur les photos pourtant, le pare-brise est brisé, il y a des traces de sang, le capot est endommagé. "Si vous étiez sobre et donc lucide, lance le procureur, vous auriez compris que vous aviez percuté des personnes." Rémy L. répond fermement. "J’ai des trous de mémoire, j’ai juste des flashs. Il fallait que j’aille travailler le matin et récupérer ma fille. On m’a appelé dans la journée pour me dire que j’avais renversé un garçon."

Après deux heures à détailler la situation du prévenu, les avocates des parties civiles protestent. "Pourquoi ne parle-t-on pas de Florentin ?" s’offusque maître Cohen-Sabban. "Sa sœur, Aurélie parle toujours de lui au présent, comme s’il était encore vivant. Alors que pour Rémy L., la vie continue". Une autre avocate, maître Vasseur, s’adresse directement au prévenu. "On est nombreux à dire que c’est assez invraisemblable. Au-delà de l’état du pare-brise, vous ne vous rendez pas compte que vous avez percuté des êtres humains. Soit vous mentez, soit vous étiez ivre, et vous vous êtes rendu assez tard au commissariat pour ne pas qu’on devine à quel point vous aviez bu."

Lorsque le président annonce la sanction, c’est la consternation dans la salle d’audience. "6 mois avant de repasser le permis ? Mais c’est rien !" entend-on ici et là. A côté d’Aurélie, un tas de photos où l’on aperçoit le visage juvénile et souriant de Florentin. "Il avait toute la vie devant lui, se désole Aurélie. Croyez-moi, mon frère, il n’est pas mort pour la gloire."  

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