"À chaque annonce on rétrograde" : le pass rail sera expérimenté dès l'été prochain, uniquement pour les jeunes

Le pass rail devait permettre à tous les Français de prendre les TER et les Intercités de façon illimitée pour 49 euros par mois. Ce 6 mars 2024, le ministre des Transports Patrice Vergriete a revu la copie et annoncé une expérimentation limitée aux jeunes pendant l'été. Regret de certaines associations, mais soulagement de plusieurs élus.

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Le "pass rail" devrait être expérimenté en France cet été pour les jeunes. Une annonce faite par le ministre du Logement, Patrice Vergriete, devant le Sénat ce mercredi 6 mars 2024, après plusieurs mois sans nouvelles de ce chantier débuté par son prédécesseur Clément Beaune.

Lors d'une interview avec Hugo Décrypte en octobre 2023, Emmanuel Macron avait indiqué sa volonté de proposer un pass mensuel à 49 euros basé sur le modèle allemand du Deutschlandticket, qui permettrait à tous les Français de se déplacer en TER et Intercités de façon illimitée. L'annonce de Patrice Vergriete revient donc pour l'instant sur l'universalité de ce pass, qui serait alors une sorte de "tarification sociale pour les jeunes" pour leur permettre "de découvrir l’ensemble des régions de notre beau pays".

Améliorer le réseau TER

L'ancien maire de Dunkerque se justifiait suite à une question de Franck Dhersin, sénateur du Nord (UC), qui s'interroge sur les limites du pass rail. "J’ai toujours dit que je rêvais d’un pass rail pour toute la France. C’est une très bonne idée. Mais pour moi c'est trop tôt. Sans aide de l'État, le pass représenterait un manque à gagner de 200 millions d’euros pour l'ensemble des conseils régionaux, près d'1 milliard pour l’Ile de France. Pouvons-nous vraiment nous passer de ces recettes de billetterie avec pour conséquence une dégradation de l'offre ?"

J’ai toujours dit que je rêvais d’un pass rail pour toute la France. C’est une très bonne idée. Mais pour moi c'est trop tôt.

Franck Dhersin, sénateur du Nord (UC)

Le sénateur salue donc les intentions de Patrice Vergriete, qu'il juge plus sages au regard de l'état actuel du réseau ferroviaire français, et des conditions budgétaires pour les Régions. "Il ne faut pas renoncer à un pass universel, mais l’État doit compenser les pertes en région et participer à l'achat des trains." Selon l'élu, dans les Hauts-de-France il manquerait au moins douze rames de TER pour gérer l'affluence suscitée par le pass. Or une seule rame représente une dépense de 17 millions d’euros.

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Jusqu'à 3 milliards d'euros

L'eurodéputée et conseillère régionale des Hauts-de-France Karima Delli s'était emparée du chiffrage d'un tel projet, afin de proposer un livre blanc à Clément Beaune, finalement livré en septembre 2023. Dans son rapport, la députée européenne, accompagnée d'experts, s'appuie sur les cinq scénarios imaginés par l’exécutif pour mener à bien le projet.

Selon ce livre blanc, le scénario le moins cher, où seuls les TER et les Intercités seraient concernés, sans augmentation de la fréquence des trains, reviendrait à 500 millions d’euros par an. Le scénario le plus cher, estimé à 3 milliards d'euros par an, incluerait les transports métropolitains des grandes villes, dont ceux d’Ile-de-France.

Un rétropédalage décevant

Dans les Hauts-de-France, l'expérimentation annoncée par Patrice Vergriete a fait plusieurs déçus. "Typiquement, c’est le genre d'annonce où l'on sent le projet initial, pourtant ambitieux, se dégonfler." C'est le sentiment qu'éprouve Gilles Laurent, président de l'Union des Voyageurs du Nord et du Pas-de-Calais (UVN) et de la Fédération nationale des associations d'usagers des transports (FNAUT).

Ils n’y croient pas vraiment sinon le discours serait plus mobilisateur que ça, à chaque annonce on rétrograde. Là le gouvernement est en train de serrer la ceinture.

Gilles Laurent, président de l'UVN

Pour lui, Patrice Vergriete ne croit plus vraiment au dispositif lancé par son prédécesseur, qui commence à vivoter après un remaniement du gouvernement, une perte de perspectives et un manque d'enthousiasme des Régions et de l'État. "Ils n’y croient pas vraiment sinon le discours serait plus mobilisateur que ça, à chaque annonce on rétrograde. Là le gouvernement est en train de serrer la ceinture."

Pourtant, ce pass serait selon lui primordial pour la population des Hauts-de-France, aussi bien en termes de pouvoir d'achat que de simplicité d'usage. "S'il reste bien au tarif annoncé, on paierait 49 euros par mois pour voyager partout en France, alors qu'on paie plus cher le pass mensuel Ilevia pour rester sur Lille."

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