Législatives 2024. "Allons-nous vers un grand chelem ?" : avec 12 députés élus dès le 1er tour, le RN pourrait faire carton plein dans le Nord et le Pas-de-Calais

Ils étaient 12 au soir du second tour en 2022. Deux ans plus tard, 12 candidats du RN sont élus dès le soir du premier tour dans le Nord et le Pas-de-Calais. Le parti de Marine Le Pen domine politiquement la région - c'est un fait - et pourrait rafler de nouvelles circonscriptions au soir du 7 juillet. Entretien avec Tristan Haute, maître de conférences à l'université de Lille.

12 députés RN élus dès le 1er tour, des candidats du parti d’extrême droite qualifiés dans toutes les circonscriptions pour le second tour... la vague RN a déferlé dans l’ensemble du Nord et du Pas-de-Calais au soir du 1er tour des élections législatives partielles.

"C’est tout bonnement considérable", réagit, à chaud, Tristan Haute. "D’autant plus qu’on enregistre des résultats très importants dans des terres qu’on imaginait protégées du RN : la Pèvèle, où la candidate RN obtient plus de 35% des voix, les 2 circonscriptions lilloises où le RN se qualifie au second tour", détaille le maître de conférences en sciences politiques à l’université de Lille. "C’est du jamais vu, et c’est assez inattendu".

"Un clivage territorial et social très fort"

Élections après élections pourtant, les scores du RN dans nos départements ne cessent de gonfler. Mais selon Tristan Haute, la donne est différente cette fois-ci : la vague d’extrême droite a tout emporté. "12 sièges dès le premier tour, cela montre que les électeurs du RN se sont particulièrement mobilisés dès le 1er tour", indique le politologue.

Tout emporté, y compris des ténors politiques locaux de premier plan sèchement éliminés dès le 1er  tour. "Les effets « notabilité » et « capital local » dont pouvaient se prévaloir certains élus leur ont été d’un faible secours, résume-t-il. Fabien Roussel à Saint-Amand-les-Eaux et Benjamin Saint Huile à Maubeuge ont été balayés... Valérie Létard se retrouve en grande difficulté dans le Valenciennois...". Citons également Jean-Marc Tellier, député communiste de Lens distancé de 10 000 voix par le candidat RN et éliminé au 1er tour.

Alors que 65% des électeurs sont allés voter dans le Nord Pas-de-Calais –  soit 20 points de plus qu’en 2022 – le RN n’a jamais autant réussi à mobiliser : 4 électeurs sur 10 qui se sont déplacés pour aller voter dans le Nord et le Pas-de-Calais ont glissé un bulletin RN dans l’urne. "Et même s'ils ont absorbé l'électorat d'Eric Zemmour et d'une partie de la droite, ils ont encore du potentiel de développement avec la stratégie de l’union des droites".

"La vague peut s’arrêter, à deux conditions"

À Arras, circonscription acquise au centre, le candidat RN arrive en tête avec 37%. Même constat au Touquet, circonscription de centre droit, où le député sortant de la majorité présidentielle est distancé de 12 points par le candidat RN. "La question désormais est de savoir si nous allons vers un grand chelem ou pas ?", résume Tristan Haute.

Or, selon lui, "la vague RN peut s’arrêter dans la région, à deux conditions : la participation et le report des voix". La participation d’abord, qui doit être "aussi importante voire davantage pour le second tour". Il ne faut pas, selon le maître de conférences, se baser sur les projections en siège proposées par les instituts de sondage, annonçant entre 240 et 280 députés RN et alliés au soir du 7 juillet. "Au-delà de la prudence, ces projections incitent aussi à la mobilisation".

Plus vous aurez de triangulaires et moins les consignes seront claires, plus arrêter la vague RN sera difficile.

Tristan Haute, maître de conférences à l'université de Lille

Vient ensuite la question des configurations, circonscription par circonscription, et des possibles reports de voix au nom du front républicain. Alors que 12 triangulaires sont annoncées dans le Nord et le Pas-de-Calais, au moins 5 candidats de gauche ou de la majorité présidentielle ont déjà annoncé leur retrait pour faire front.

"La région fournira un contingent significatif d’élus au RN"

C’est notamment le cas dans la 5ème du Nord, circonscription des Weppes, où la candidate de l’union de la gauche arrivée en 3ème position a annoncé son retrait pour faire barrage au député sortant RN et candidat à sa réélection. "Victor Catteau a fait 40% certes, mais Sébastien Huyghes, soutenu par la majorité, pourrait l’emporter dimanche", analyse Tristan Haute.

Autre exemple dans la 5ème du Pas-de-Calais, celle de Boulogne-sur-Mer. Le député Ensemble sortant, arrivé troisième, a annoncé son retrait. Bien que Jean-Pierre Pont ne donne pas de consigne de vote, il permet à ses électeurs de voter pour Olivier Barbarin, candidat PS arrivé deuxième loin derrière le RN.

"L’enjeu n’est pas de faire passer un député RN ou non dans sa circonscription, mais l’enjeu est de savoir si le RN aura une majorité absolue à l’Assemblée nationale", résume Tristan Haute. Bien qu’il soit difficile de se projeter au soir du second tour, le politologue l’assure néanmoins : "la région fournira un contingent significatif d’élus au Rassemblement national".

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