Au moins 219 enfants sans solution d'hébergement à la veille de la rentrée scolaire dans les Hauts-de-France

La "situation dramatique" est dénoncée par l'Unicef ainsi que la Fédération des acteurs de la solidarité à la publication de leur baromètre, jeudi 29 août 2024. Le chiffre, en augmentation de 20% en quatre ans, reste largement sous-estimé, préviennent les organisations.

À quelques jours de la rentrée des classes, les associations tirent la sonnette d'alarme. Au moins 219 enfants dormaient dans la rue dans toute la région des Hauts-de-France, dans la nuit du 19 août 2024. Parmi eux, 49 ont moins de trois ans. C'est ce que révèle le 6ème baromètre du Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef) et de la Fédération des acteurs de la solidarité, publié jeudi 29 août.

Les résultats ne laissent pas de place au doute, la situation est "dramatique". Le chiffre concernant les enfants sans-abri de notre région est en stagnation par rapport à 2023, mais en augmentation de 20% depuis 2020. Et les ONG préviennent, les chiffres ne sont pas exhaustifs.

"De nombreuses personnes ne recourent pas ou ne parviennent pas à joindre le 115, les demandes des familles sur la MEL transitent par le SIAO [Service Intégré d'Accueil et d'Orientation, NDLR] et non par le numéro d’appel d’urgence. Par ailleurs, les mineurs non accompagnés sans-abri et les familles vivant en squats ou en bidonvilles ne sont pas comptabilisés", peut-on lire dans le rapport.

Des enfants fatigués à l'école

Dans les parcs, dans les gares, les familles tentent de subsister avec des couvertures de survie et quelques repas distribués par les associations locales. À quelques jours de la rentrée, il est impossible que les enfants puissent suivre une scolarité sereine dans des conditions si précaires.

"Ma fille de trois ans à l'école a eu beaucoup de problèmes, elle pleure beaucoup, elle a du mal à prêter attention parce qu'elle est fatiguée", témoignait déjà une famille amiénoise à France 3, en mai. Les parents et leurs quatre enfants (le plus jeune a moins d'un an) expliquaient appeler le 115 tous les soirs, sans succès.

"C'est usant, tous les jours, de passer les journées dans les parcs, de dormir dans les parcs, exposés au froid"

Un père de famille sans-abri

 

Chaque jour relève de la survie, et pour les parents aussi. "C'est usant, tous les jours, de passer les journées dans les parcs, de dormir dans les parcs, exposés au froid", racontait un autre père de famille sans-abri avec trois enfants. Comment tu peux dormir, avec des enfants ? Il faut toujours veiller sur eux."

À lire >> La galère quotidienne des familles à la rue avec leurs enfants : "nous sollicitons la clémence des autorités"

Pour le seul mois de mai 2024, la Fédération des acteurs de la solidarité des Hauts-de-France constatait que sur les 11 679 demandes d'hébergement effectuées auprès du 115, 81% d'entre elles obtenaient des réponses négatives.

Pour les associations, il s'agit d'un "abandon de tous les principes fondamentaux et juridiques de l’accueil, qui ne permettent même plus de protéger des femmes enceintes et des enfants de moins de trois ans". Elles remettent en cause des dysfonctionnements et des échecs politiques et dénoncent des orientations "délétères" ces dernières années avec la loi dite "anti-squat", le détricotage de la loi SRU, et la baisse des APL.

La situation risque de s'aggraver

Quelles solutions pour atteindre l'objectif de "zéro enfant à la rue" promis par le gouvernement il y a un an ? L'Unicef et la fédération évoquent plusieurs pistes : augmenter immédiatement les places d'hébergement d'urgence mais aussi la production de logements sociaux, renforcer l’accompagnement social des personnes sans domicile.

L'urgence est déjà là mais les acteurs craignent que la situation ne soit encore pire dans les années à venir. La tendance à la hausse est confirmée depuis déjà plusieurs années par les chiffres nationaux.

C'est la première fois que la barre symbolique des 2 000 enfants à la rue est franchie pour toute la France (2 043 enfants, dont 467 de moins de trois ans). Un nombre en hausse de 120% en quatre ans (927 enfants en 2020) et de 3% en un an (en août 2023, ils étaient au total 1 990).

Il s'agit d'une "violation flagrante des principes de la Convention internationale des droits de l’enfant, que la France a ratifiée", s’indigne Adeline Hazan, présidente de l’UNICEF France. Avant de conclure que si la Convention "nous y engage collectivement, [...] c’est avant tout notre humanité qui nous y oblige".

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