Denis Beck est fier de présenter Royal E Angie, un cheval de trait flamand tout droit débarqué des États-Unis. Elle va rejoindre ses 15 congénères déjà présents dans la ferme familiale.
Cette race de chevaux flamand avait en effet complètement disparu dans le Nord au siècle dernier mais n'était pas complètement éteinte de l'autre côté de l'Atlantique. "Un touriste de belge de passage à la ferme m'a dit : vous qui parlez le flamand et qui aimez les chevaux, saviez-vous qu'il existe une race de chevaux flamands en Amérique, chez les Amish ?"
Un pari fou
Denis Beck s'est alors promis de réintroduire le cheval de trait flamand dans la région et en Europe. C'est en 1996 qu'il décide avec des amis belges d'aller à la rencontre des Amish, une communauté de fermiers qui vit encore sans électricité et sans engins motorisés.
"Beaucoup d'Amish ont des origines flamandes et ça nous a facilité les choses. La confiance s'est vite installée entre nous et en quinze jours, nous avons pu voir près de 3000 chevaux dans l'Ohio et l'Indiana", raconte Denis Beck .
Depuis, l'agriculteur a fait une quinzaine de voyages aux États-Unis avec le souci de ramener des chevaux aux origines certifiés, les Amish possédant jalousement des documents d'élevages datant de plus d'un siècle car il faut absolument éviter la consanguinité dans la reproduction.
Petite anecdote : les Amish qu'il rencontre connaissent les noms des anciennes fermes et les emplacements de celles-ci dans les Flandres, "incroyable" s'exclame l'éleveur.
Sauver la race
En 25 ans de d'allers-retours sur les terres Amish, Denis et ses amis ont importé de nombreux chevaux. Résultat, on compte aujourd'hui plus de 600 traits flamands en Europe. L'agriculteur vient de passer le flambeau à ses fils qui continuent le travail : "nous voulons un maximum de lignées pour éviter de la consanguinité, nous nous arrêterons quand il y en aura suffisamment pour définitivement sauver la race", dit Thierry, l'un d'entre eux.
Les projets
À la ferme Beck, le cheval de trait flamand est utilisé pour certains travaux car c'est un grand cheval d'un mètre quatre-vingt au garrot, calme et robuste. La famille d'éleveurs espère qu'il pourra être utile en ville et dans les campagnes au moment où la protection de l'environnement est au cœur des préoccupations. Elle voudrait que les politiques agissent pour une réintroduction de ce cheval en milieu urbain, car des expériences concluantes ont déjà eu lieu dans le passé.
En attendant, tous les ans, le premier dimanche de septembre, la ferme est ouverte et l'on peut admirer ces magnifiques chevaux ressuscités grâce à la volonté et le courage d'un homme du plat pays.