Après Châteauroux, les hôtels de Lille sont eux aussi victimes d'annulations massives de la part du comité olympique. Un coup dur à 185 jours des premières épreuves au stade Pierre Mauroy.
Les réservations avaient été faites dès 2021 ! Des milliers de chambres d'hôtel réservées des années à l'avance par une centrale de réservation. Une aubaine pour les hôteliers : "on était encore en pleine période Covid, on nous annonce les Jeux olympiques à Lille et on nous promet des réservations de nuités par centaines", se réjouit encore Yves Poletti, responsable de l'Ibis Lille Centre Grand Palais.
RésaEvents lui propose d'acheter 500 nuités à moitié prix pour le compte de Paris 2024 : "c'était un bon accord qui nous permettait de remplir les chambres en plein été, une période creuse", concède le gérant. Une bonne affaire, même à 50% du tarif initial.
Sauf que près de 70% des chambres réservées viennent tout juste d'être annulées ! "Ils ont attendus la dernière minute, explique Yves Poletti, quelques jours avant la date butoir. Au-delà, ils devaient payer des frais." Conséquence : sur les 500 nuités payées, 159 seulement sont "sauvées".
On a signé ce contrat. C'est légal mais c'est cruel
Yves Poletti, gérant de l'hôtel Ibis Lille Grand Palais
Et le cas de l'hôtel lillois n'est pas le seul, selon le président du Club hôtelier Lille Métropole, ces annulations représenteraient "environ 2 000 nuitées par jour sur une dizaine de jours" !
L'explication est simple : la centrale de réservation a du mal à remplir les hôtels pré-réservés. Les sportifs et les membres de l'organisation ont leur solution de logement. Pour les touristes, il y a encore peu de demandes. Alors RésaEvents préfère annuler les chambres plutôt que de risquer un manque à gagner conséquent.
Nous avons relâché des chambres à Lille dont on estime qu'elles pourront (encore) être réservées d'ici le début des compétitions, en respectant les termes du contrat
Comité organisation JO Paris 2024AFP
Block booking
Rien de choquant pour la président de l'Office de tourisme de Lille "on a l'habitude dans l'hôtellerie de pratiquer ce block booking, des réservations en bloc, qui s'affinent au fur et à mesure et qui parfois s'annulent".
Emmanuel Thébaux veut rester optimiste :"avec 4 ou 5 matchs par jour, les supporters seront là, assurément." Et de compter sur des nuités moins chères à Lille qu'à Paris : "on peut compter sur un report de réservation, des personnes qui viennent juste dormir dans le Nord tout en assistant à la compétition parisienne."
Basket et hand
"Tout n'est pas perdu", relativise en effet Yves Poletti qui compte bien sur ces réservations de particuliers : "pour la première semaine, du 27 juillet au 4 août, il y a des opportunités pour le basket. Mais pour la deuxième, du 6 au 11 août, rien encore pour le handball."
Relâche
Pas de mauvaise surprise en revanche pour cet autre professionnel du groupe Accor, à Lomme : Baptiste Rudnik a refusé l'offre proposée par Paris 2024 : "il ne faut jamais compter sur une dotation de groupe", répète-t-il! Lui aussi a reçu la proposition de la plateforme de réservation mais "c'est toujours la même chose : ils réservent un gros bloc et relâchent tout à quelques jours de l'événement."
Des méthodes qu'il connaît bien sans forcément les dénoncer "c'est le jeu, reconnaît le gérant, mais il ne faut pas s'affoler, pour les Jeux, ça va se remplir." Son hôtel, pourtant situé en périphérie, compte déjà 200 nuités de réservées, "et ça va encore monter"!