Si en 2022, le rendement avait été très bon : 88 quintaux, c'est-à-dire 8,8 tonnes à l'hectare en Hauts-de-France, il devrait être moindre cette année. Mais dans quelle mesure ? Éléments de réponse avec trois agriculteurs. Un de la baie de Somme, un du Cambrésis et un de l'Avesnois.
Édouard Brunet est agriculteur à Cayeux-sur-Mer et Saint-Valery-sur-Somme. Pour son exploitation les blés "sont à maturité" et au prochain rayon de soleil, il pourra moissonner. "Il faut que le taux d'humidité du blé soit inférieur ou égal à 14,5%, comme cela, ça évite de passer le blé au séchoir ensuite", explique l'agriculteur qui s'apprête à récolter le blé pour ses bêtes.
Ensuite, quand on écrase un grain de blé, il faut vérifier par exemple que le blé ne soit pas pâteux, mou à l'intérieur. Selon Edouard Brunet, les blés sont actuellement moissonnés depuis une petite semaine dans la Somme, l'Aisne et l'Oise. Et cela ne va pas tarder dans le Nord et le Pas-de-Calais.
Si le rendement a été exceptionnel l'an dernier de l'ordre de 88 quintaux, c’est-à-dire 8,8 tonnes de blé à l'hectare moissonné, et cela en moyenne sur tout les Hauts-de-France, il devrait être moindre cette année.
"Il y aura de tout cette année"
Benoît Vaillant est président régional du syndicat des Jeunes Agriculteurs. Sur ses parcelles du Cambrésis qui totalisent 142 hectares de blés, son rendement a été l'an dernier de 103 quintaux. "C'est mal barré pour cette année. Après trois jours de moisson, je sais que mon rendement peut varier dans une fourchette large de 75 à 106 quintaux. Mais 75, c'est vraiment très mauvais. C'est du même ordre que la mauvaise année de 2016", explique-t-il.
Si le blé était en "excellente condition" au sortir de l'hiver, le piétin (champignon qui s'en prend au pied du blé en bloquant l'alimentation en eau) et la rouille (autre champignon), en mars et en avril, ont affaibli les cultures sur les Hauts-de-France. Selon Benoit Vaillant, des alertes sanitaires régionales avaient été lancées à l'époque sur ces deux champignons.
"Il y a eu aussi un 'échaudage' ensuite en juin, c'est-à-dire que le grain du blé a cuit à cause des fortes températures (32° ou 33° par endroits le temps d'un week-end). Du coup, cela risque d'être très hétérogène au niveau du rendement de cette année. Il y aura de tout cette année", conclut l'agriculteur.
"Une année normale, voire belle"
Selon Jean-Christophe Rufin, vice-président de la FDSEA du Nord, les quantités moissonnées devraient être normales. Du bout des lèvres, l'agriculteur espère une "belle moisson", mais n'ose pas vraiment l'affirmer, des surprises étant toujours possibles. L'homme affirme aussi qu'il est un peu tôt encore alors que les moissons commencent à peine. "Certes la floraison a été belle, l'année devrait être normale, voire belle, mais des désillusions sont attendues dans certains secteurs où il y a pu avoir un phénomène d'échaudage des blés et où quelques parties de parcelles ont également été couchées par le vent et la pluie".