Suppression totale des illuminations, restrictions des horaires... À l'heure de la sobriété énergétique, les décorations de Noël ne seront pas épargnées par les économies budgétaires. Quelle est la politique de votre ville en la matière dans les Hauts-de-France ?
Faire ou ne pas faire scintiller sa commune pendant les fêtes de fin d'année ? Le sujet des économies d'énergie est à l'ordre du jour dans tous les conseils municipaux. Certains ont pris une décision radicale, d'autres se donnent le temps de la réflexion, mais tous souhaitent préserver la magie du moment.
Béthune, Crouy-Saint-Pierre... Ces villes qui suppriment leurs illuminations
C'est le choix le plus drastique : zéro éclairage lumineux pour Noël. Quelques municipalités de la région ont décidé de ne pas sortir leurs illuminations pour faire des économies. C'est le cas de Béthune dans le Pas-de-Calais, comme l'a annoncé son maire, Olivier Gacquerre, dans un post Facebook, jeudi 6 octobre.
"C'est un geste fort et frustrant au moment des périodes de fêtes mais nous priorisons les consommations des habitants plutôt que d'éclairer l'extérieur [...] Cela va générer des économies budgétaires que nous allons utiliser pour maintenir la température dans les écoles et crèches de la ville."
La commune de Beuvry dans le Pas-de-Calais va également renoncer à ses guirlandes de Noël au profit d'un gain budgétaire de plus de 20 000 euros (coût de la pose et de l'enlèvement des illuminations, hors électricité). "Toutes ces hausses, il faut bien les encaisser en faisant des économies quelque part, explique-t-on à la ville. Car on ne compte pas baisser le niveau de chauffage dans nos écoles."
Mais alors comment ne pas sacrifier l'esprit de Noël ? "C'est le moment d'avoir des idées novatrices, avance-t-on à la municipalité de Beuvry. Plutôt que de sortir les grosses lampes, nos services techniques vont faire des décorations en bois et autres matériaux de récupération." Moins flamboyant, plus économe. Les festivités habituelles seront, elles, maintenues, notamment avec les enfants.
Les villages d'Heudicourt, dans la Somme, et de Crouy-Saint-Pierre, dans l'Oise, eux aussi pensent remiser les guirlandes lumineuses au placard. "Nous avons décidé de faire fermer l’éclairage dans la commune tous les jours de 23h à 5h, dans l’amplitude horaire où il n’y a plus beaucoup de mouvement dans le village, déclare Régis Sinoquet, maire de Crouy-Saint-Pierre. Puisqu’il n’y aurait pas d’éclairage public, il serait mal venu de mettre des éclairages pendant les fêtes. On est dans l’objectif de baisser la note et de faire des économies énergétiques d’autant plus que dans notre village, nos produits achetés dans le passé, sont très énergivores et nous n’avons pas les moyens de les changer. Pour autant, on va trouver d’autres sources de satisfaction plus ludiques et surtout à 0 conso. Le choix que nous avons fait devrait nous faire faire 60% d’économies."
À Heudicourt, le maire Michel Leplat réfléchit à de nouvelles décorations pour remplacer les traditionnelles illuminations et appelle les habitants à se rallier à l’effort collectif.
Tourcoing, Lille, Compiègne, Laon... Ces villes qui restreignent leurs illuminations
Moins de rues illuminées, des horaires d'éclairage réduites... La majorité des communes de la région feront un effort de sobriété à Noël, sans toutefois tout supprimer. "Maintenir les illuminations c'est important pour nos habitants, notamment car nous sommes une ville populaire, ainsi que pour nos commerçants", explique la mairie de Tourcoing dans le Nord.
Cela dit, des restrictions seront de mise pour cette commune de la métropole lilloise. En dehors du centre-ville qui restera illuminé, seuls cinq quartiers seront décorés sur les 16 qu'elle compte. Les éclairages vont démarrer plus tard dans la soirée, après le coucher de soleil, puis être coupés plus tôt, à "21 heures au lieu de 23 heures". Ils seront coupés entièrement à la fin des vacances scolaires, soit quelques jours plus tôt que les années précédentes. Au total, la municipalité économisera au moins 60 000 euros, correspondant à la location et la pose de l'équipement.
Sur le même créneau, Valenciennes va limiter ses illuminations à sa seule place d'Armes. Calais et Wattrelos vont diminuer l'amplitude horaire de l'éclairage. Arras et Aire-sur-la-Lys vont rogner sur la durée des illuminations. De son côté, Nieppe, en plus de baisser son nombre d'équipements, a choisi de transformer son concours de "maisons illuminées" en "maisons décorées".
À Lille, s'il y aura bien des décorations de Noël dans les rues de la capitale des Flandres, elles n'échapperont pas aux restrictions. "Elles seront effectives du 5 décembre au 2 janvier (au lieu du 18 novembre au 9 janvier), elles permettent de réduire de 46% l'énergie consommée par rapport aux années précédentes, soit une économie d'environ 4 500 euros." Et de préciser : "La Ville a généralisé, depuis 2014, la technologie LED, moins énergivores, pour les illuminations de Noël."
La ville de Compiègne non plus, n'a pas prévu de couper l'éclairage public, mais elle réduira la période des illuminations de Noël : "il ne s’agit pas de supprimer, mais d’adapter, précise Simon Moulu, directeur de cabinet du maire. Les illuminations débuteront le 3 décembre et s’éteindront le 31 au soir, au lieu du 3 janvier comme les années précédentes. La durée aussi sera plus courte. On va différencier les jours de la semaine, en éteignant plus tôt le soir. D’habitude on laisse allumer jusqu’à minuit, là, ce sera éteint plus tôt sauf en fin de semaine, les vendredis/samedis/dimanches."
Par ailleurs, chaque année depuis dix ans, Compiègne remplace peu à peu ses lanternes par des LEDs. "Un été, on en a changé 1 000, assure Simon Moulu. On s’y retrouve déjà en économie et l’éclairage est plus intense". Le plan d’économie d’énergie sera présenté fin octobre.
À Creil, la ville a aussi choisi de réduire ses décorations de Noël en favorisant les décorations non lumineuses, fixes et réutilisables. Elle a annoncé également la fin de l'utilisation des sapins.
Dans l'Aisne, Laon va réduire la durée des illuminations. Celles-ci débutaient auparavant dès le mois de novembre. Cette année, elles démarreront le 9 décembre avec l'ouverture du marché de Noël et s'arrêtera avec sa fermeture. Le prolongement sur les deux premières semaines de janvier est supprimé. "On n'a pas chiffré l'économie, reconnaît Vincent Rémy, mais ce ne sera pas une économie monumentale sachant que la ville est équipée de LEDs depuis plusieurs années."
Liévin, Roubaix, Albert... Ces villes qui gardent leurs illuminations
"On ne souhaite pas sacrifier l'esprit des fêtes, assure la mairie de Roubaix, qui gardera ses décorations de Noël jusqu'à 23 heures. C'est une consommation négligeable par rapport à l'ensemble. "Le parc luminaire de Noël étant équipé de LEDs peu énergivores", argue la municipalité.
Depuis le 1er octobre, la ville d’Albert a coupé l’éclairage public la nuit, de 1h à 6h. Pour autant, pendant les fêtes de fin d’année elle sera éclairée comme les années précédentes. "Sachant qu’on est à 100% de LEDs sur les illuminations de Noël, on les maintient pour garder l’esprit de la fête du 1er décembre au 2 janvier", confirme Fanny Lasselin, chargée de communication à la mairie.
Comme elle, Hombleux préserve la tradition en Haute-Somme. "Je ne me vois pas ne pas illuminer, ne serait-ce que pour les enfants, déclare Eric Lefebvre, maire du village. Moi, j’ai une école près de la mairie. C’est une question de bon sens. On va allumer mais moins". Dans cette petite commune de 1 190 habitants, la facture d’électricité explose. Plus de 40% en moins d’un an. "On a une augmentation de plus de 20 000 euros à l’année. On est passé de 63 000 à 85 000 euros. C’est ce qui nous a décidés de passer aux LEDs la semaine dernière. On était parti pour faire ça en fin de mandat, mais la crise énergétique est venue s’inviter. Ce sera fait d’ici 2024."
Par souci d’économies, la commune a donc changé les créneaux. L’extinction des feux se fait à 22h30 au lieu de 23h puis l’éclairage est rallumé à 4h30 jusqu’à l’aube. "Dès qu’il fait jour, on éteint la lumière. On va essayer de faire pareil pour les illuminations de Noël. Quand les enfants seront rentrés chez eux, ce n’est pas opportun de laisser allumer. Mais je ne suis pas convaincu que ce sera vraiment économique. Entre la salle et les guirlandes, ça nous fait 1 500 euros de budget. Ce n’est pas un gros budget, c’est pour ça qu’on préfère le maintenir."
À Saint-Quentin comme à Amiens, l'heure est à la réflexion. Saint-Quentin a lancé une consultation entre les riverains et les commerçants. Amiens se prononcera fin octobre à l'issue d'une réunion entre les élus sur la sobriété énergétique.