Chaque lundi de Pâques, Cassel s'anime pour son carnaval. Cette année, le coronavirus aura eu raison de la tradition... Ce qui n'empêche pas les irréductibles Casselois de préparer une journée festive aux fenêtres, avant de revenir en force l'année prochaine.
L'adjoint aux fêtes Dominique Joly évoque un "pincement au coeur" lorsqu'il pense que lundi 13 avril, le carnaval de Cassel n'aura pas lieu comme prévu. Pourtant, il fallait plus que le coronavirus pour décourager quelques Casselois d'organiser la manifestion, en respectant les règles du confinement
Un carnaval au balcon, des carillons pré-enregistrés et une journée filmée
Tout est histoire de bruit et de musique au carnaval de Cassel. Ludwig Bellynck s'inspire du carnaval annulé de Bergues, à la fin du mois de mars. Avec un clavier synthétiseur, l'ancien musicien de l'harmonie décide de reprendre les musiques qui rythment habituellement la journée, comme le Reuzelied, et transpose les mélodies en sons de carillons. "Un riverain DJ nous a proposé sa sono pour diffuser le son", raconte Ludwig Bellynck.
Alors, avec Fabrice Duhoo, adjoint à l'essor économique et à la culture, ils installent les baffes dans la tour de l'église - Cassel n'ayant plus son carillon depuis 1990. En faisant le test son mercredi dernier, l'initiative a eu du succès : "Les Casselois nous ont demandé si les cloches étaient revenues à Cassel", se réjouit Fabrice Duhoo.
L'installation artisanale et solidaire rythmera la journée de demain. Le carnaval débutera comme chaque année par le réveil. À 6 heures du matin, le carillon retentira pour les 2 300 habitants. Il sonnera une nouvelle fois à 10 heures pour la sortie des Arlequins, puis à 14h pour le four merveilleux et à 17h30 pour Reuze Papa et Reuze Maman.
Nouveauté cette année, à 20 heures les cloches sonneront aussi, pour rendre hommage aux personnes mobilisées pendant l'épidémie. Tout au long de la journée, les Casselois sont invités à se présenter à leurs fenêtres ou devant leurs portes maquillés et déguisés, comme le veut la tradition, pour faire du bruit et "faire carnaval" ensemble. Les chapelles, bien sûr, ce sera pour une autre fois.
Au cours de la journée, Flandres TV filmera des images pour réaliser une vidéo souvenir de cette édition tristement particulière. Fabrice Duhoo a élaboré un scénario en reprenant tout ce qui fait le carnaval de Cassel : les géants, le four merveilleux... "Certaines personnes préparent ce jour pendant un an", affirme Dominique Joly. "C'est notre façon de faire carnaval autrement", explique Fabrice Duhoo.
Le tambour major, qui devait participer à son premier carnaval d'été dans ce rôle, devra patienter encore un an
Vincent Minne vient justement de terminer un petit clip à intégrer dans la vidéo. Entre Angers et Rennes, où il vit avec sa femme et ses trois enfants, le tambour major participe à sa manière au carnaval cette année. La famille devait faire la route hier samedi pour le Pas-de-Calais mais a dû annuler son voyage. Alors, la famille de ch'tis s'est costumée et maquillée dans le jardin à 600 kilomètres de Cassel pour enregistrer quelques mots pour les carnavaleux.
Cette édition est d'autant plus spéciale pour Vincent Minne qu'il devait mener l'harmonie casseloise pour la première fois cette année. Son père, Bernard Minne, tambour major à Cassel depuis 47 ans, avait pris sa retraite en 2019 et lui avait passé le flambeau à cette occasion. "J'ai déjà fait un carnaval d'hiver (surnomé "petit carnaval", il a eu lieu le 23 février dernier) mais ça aurait été mon premier carnaval d'été... Ce n'est que partie remise", se console Vincent Minne.
Une édition confidentielle malgré elle
Même si l'adjoint aux fêtes regrette l'annulation de carnaval, il convient qu'il ne fallait pas qu'il se produise. "Sur les réseaux sociaux, certains ont commencé à dire qu'ils allaient quand même fêter le carnaval dans les rues, nous les avons dissuadés", se souvient-il. "Soyons bien clair, le carnaval ne doit pas se tenir, même si cela nous fend le coeur", renchérit Fabrice Duhoo.
Au delà d'une fête populaire, le carnaval est aussi un moment important pour le tourisme à Cassel. Le village de 2 300 habitants, élu village préféré des Francais en 2018, reçoit normalement entre 5 000 et 10 000 personnes chaque lundi de Pâques. "Habituellement, tous les gîtes sont complets, mais là bien sûr tout est vide", constate Dominique Joly.
Si cette édition n'a "rien à voir avec les autres années" selon lui. Alors, il entend bien se rattraper l'année prochaine avec "quelque chose d'extraordinaire", tout comme Vincent Minne, qui nous donne rendez-vous pour son baptême, en 2021.