Agriculteurs en colère : les Belges rejoignent le mouvement

La révolte prend de l'ampleur en Europe. Informés de la mobilisation de leurs collèges côté français, les agriculteurs belges s'organisent. En plus de quelques actions éparses ces jours-ci, des convois se mettent en place pour converger vers Bruxelles.

"Nous avons les mêmes problèmes et les mêmes revendications de l'autre côté de la frontière". Caroline Jaspart est éleveuse dans la région de Namur. Aussi présidente de l'Union des agricultrices wallonnes, son téléphone n'arrête pas de sonner depuis quelques jours. Les syndicats agricoles échangent pour organiser leur mobilisation.

Votre mouvement est contagieux, on est solidaire dans notre métier, nos fédérations communiquent entre elles

Caroline Jaspart, agricultrice en Wallonie

Car eux aussi sont concernés par ce qu'il se passe en France : "on ne peut pas ne rien faire, il faut que ça bouge de notre côté", explique l'agricultrice. Et ça commence par les Jeunes agriculteurs qui, comme en France, retournent depuis quelques jours les panneaux d'entrée de ville.

Pas encore de blocage d'envergure en Belgique mais des actions ponctuelles dans différentes régions. "C'est en début de semaine prochaine qu'on se lance, précise le vice-président de la fédération wallone d'agriculture. Nicolas Ammet confirme qu'un rassemblement est en train de s'organiser, sûrement pour lundi, "une opération escargot ou un appel à converger vers Bruxelles, on ne veut pas se précipiter car on redoute que l'action ne se retourne contre nous, il faut marquer les esprits sans prendre de risque".

Les 5 provinces wallonnes sont concernées par ce mouvement : le Brabant wallon, le Hainaut, Liège, le Luxembourg et Namur.

Marges

Leurs revendications sont les mêmes que celles entendues dans la bouche des professionnels français depuis le début du mouvement. Pour Nicolas Ammet, il y a un vrai problème de marge en Belgique également : "elles sont réduites à néant, les coûts de production augmentent tellement alors que le prix de vente de la viande, lui, reste le même". Une équation impossible là aussi.

Caroline Jaspart, qui élève avec son mari des bovins de la race "bleu, blanc, belge" et cultive à côté des céréales et des betteraves "essentiellement pour nourrir ses bêtes", estime ne plus gagner sa vie. Elle a vu ses conditions de travail se dégrader d'année en année.

Comme les agriculteurs français, on ne vit plus de notre métier. On ne gagne même pas la moitié du salaire moyen en Wallonie pour 80h de travail par semaine.

Caroline Jaspart, présidente de l'Union des agricultrices wallonnes

Et puis, comme ailleurs, il y a aussi la question des normes, celles de l'Europe qui s'imposent également aux Belges. Caroline Jaspart cite les "4% de jachère" qui ne passent pas non plus chez eux.

La réglementation européenne impose chaque année aux agriculteurs de mettre 4% de leurs terres en jachère pour des raisons de biodiversité. Sans cela, ils ne pourront recevoir les aides financières.

L’agriculture de date

En plus des normes européennes, il y a les réglementations par région. Elles se superposent aux règles de l'Europe. La professionnelle site "l’agriculture de date", "on doit avoir fini telle plantation à telle date, une tâche doit être achevée pour le printemps, au 21 mars et non le 22 mars, mais on ne peut pas travailler comme ça, on doit se reconnecter à la terre".

Selon les syndicats belges, ce sont les agriculteurs au sens large qui se préparent à la mobilisation : les éleveurs, les cultivateurs, les conventionnels, les bio, etc. "Il y a aussi les négociants en bétail et en aliments qui nous sollicitent, explique Caroline Jaspart, car eux aussi se sentent concernés. On est tous impactés".

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