Joël Wilmotte, maire (LR) d'Hautmont (Nord), près de Maubeuge, a annoncé vendredi que les écoles de sa commune ne rouvriraient pas le 11 mai, comme l'a demandé le président de la République. Il a pris un arrêté municipal fermant les établissements scolaires publics jusqu'à nouvel ordre.
"Fermeture des écoles jusqu'à nouvel ordre", a annoncé vendredi Joël Wilmotte, le maire (LR) d'Hautmont, sur la page Facebook de sa commune, où il diffuse également cette vidéo.
"Je ne suis pas contre la réouverture des établissements scolaires publics d'Hautmont", explique l'élu nordiste. "Par contre, il est nécessaire pour nous de disposer des conditions requises pour les ouvrir".
"Nous n'avons pas la possibilité actuellement (d'accueillir les enfants) en respectant et en leur faisant respecter les gestes barrières, s'agissant des martenelles et des primaires", estime le maire de cette commune de près de 15 000 habitants, située près de Maubeuge. "Nous savons que beaucoup d'entre vous n'avez pas l'intention de remettre vos enfants dans les écoles publiques le 11 mai".
Nous ne sommes absolument pas capables de respecter les consignes sanitaires d'hygiène sanitaire sagissant de la restauration scolaire.
"Nous ne sommes absolument pas capables de respecter les consignes sanitaires d'hygiène sanitaire sagissant de la restauration scolaire", ajoute-t-il. Des problèmes se posent aussi, selon lui, pour les enseignants, le personnel communal en charge de l'entretien des locaux ou encore le ramassage scolaire. Par conséquent, il a décidé de signer vendredi "un arrêté de fermeture des écoles publiques d'Hautmont", "jusqu'à nouvel ordre".
Cet arrêté, publié sur le site internet de la ville, concerne donc au total six établissements scolaires publics d'Hautmont. "Nous aurons ainsi l'occasion, avec un délai suffisant, de travailler de façon concertée et négociée avec les services de l'Education nationale, avec les services de la commune, avec aussi les enseignants et les maisons de quartier, pour voir comment nous pourrons proposer, dans les semaines qui viennent, des solutions alternatives, mais qui auront été mûries, avec notre expérience du terrain, ce qui est d'ailleurs souhaité par le président de la République".
Cet arrêté municipal est-il juridiquement valable ? Dans la Drôme, le maire de Saulce-sur-Rhône - qui avait pris une décision semblable - a été prié de retirer son arrêté par le préfet. Selon nos confrères du Dauphiné Libéré, ce dernier a déclaré que seules les autorités de l’Etat ont "compétence pour édicter les mesures générales et individuelles visant à mettre fin à l’épidémie" et qu'un juge rejetterait "tout arrêté fondé sur une appréciation divergente du besoin sanitaire".
D'autres maires émettent également des réserves
Si Joël Wilmotte a décidé de jeter un pavé dans la mare avec cet arrêté de fermeture, d'autres maires du Nord et du Pas-de-Calais ont fait part de leurs préoccupations concernant cette réouverture progressive des écoles annoncée le 11 mai par Emmanuel Macron.
La maire (PS) de Lille, Martine Aubry, a déploré à plusieurs reprises le "flou" du gouvernement à ce sujet. "Je dois dire que, ce soir, je suis un petit peu, comme les syndicats d'enseignants, dans le brouillard. Je croyais qu'il y avait un plan et maintenant, on nous dit que ce sera le volontariat", a-t-elle ainsi déclaré jeudi sur BFMTV. "Je ne sais pas comment on va pouvoir organiser l'école avec le volontariat".
La veille, elle avait expliqué sur France 2 que les écoles de Lille ne seraient pas en capacité d'accueillir tous les enfants dans le respect des gestes barrières et que seuls les élèves en grande section de maternelle, CP et CM2 pourraient être reçus, comme l'avait proposé initialement le ministre de l'Education nationale, Jean-Michel Blanquer, pour la première phase de cette réouverture progressive.
Jeudi, les maires de 14 communes de l'agglomération d'Hénin-Carvin ont également interpellé, dans une lettre, le préfet du Pas-de-Calais, Fabien Sudry, au sujet de la récouverture des écoles le 11 mai.
"Nous attendons, de la part du gouvernement, un "choc de réalité" sur la capacité des communes à assurer la sécurité sanitaire dans les écoles d'ici le 11 mai, dans l'état actuel leurs connaissances et de leurs moyens", ont-ils écrit.
Et ces élus du bassin minier d'interroger le représentant de l'Etat sur la façon de faire respecter les "gestes barrières", "le port efficace du masque - si tant est qu'il en soit distribué par l'Etat" ou d'"assurer la désinfection en temps réel de tous les espaces et objets utilisés par les enfants".
Avec aussi cette question : "Qui, du Ministre ou du Maire, serait tenu responsable de nouvelles contaminations au Covid-19 en milieu scolaire ?".