Tous les jours en France, des centaines de petits patrons mettent la clé sous la porte dans l’indifférence générale. Est-il possible de rebondir après un tel traumatisme ? Rencontre avec ceux qui sombrent et ceux qui aident, dans "Patrons, la vie après l'échec".
C'est l'histoire d'entrepreneurs qui doivent mettre la clé sous la porte. C'est l'histoire de ces hommes et de ces femmes qui, liquidés, anéantis psychologiquement et moralement, ont fait faillite.
Depuis la crise de 2008, ils sont 60.000 chaque année qui se retrouvent très souvent isolés voire mis au banc de la société.
"La grosse angoisse, c'est de ne plus avoir de toit sur la tête. On en est là ", dévoile Laure.
Est-il possible de rebondir après un tel traumatisme ? Passés l’épreuve de la chute, ces chefs d'entreprise sont souvent ruinés, seuls et criblés de dettes.
Le documentaire de Christophe Rémy "Petits Patrons, la vie après l’échec" propose un regard neuf sur ces hommes et ces femmes qui ont traversé l’échec professionnel et qui essaient de recommencer leur vie professionnelle autrement.
Laure attend sur un banc du Tribunal de Commerce. Puis vient son tour. Son dossier n° 2018 7029 est appelé. Les juges ouvrent une procédure de liquidation simplifiée pour son entreprise.
À la fin de la séance, le président du tribunal indique à Laure : "Maintenant, vous n'avez qu'une chose à faire, vous occupez de vous-même".
On n'imagine ça, jamais ça, pour son entreprise. Jamais, jamais, jamais.
Éditrice de logiciels pour le web. Laure raconte le départ de l’engrenage. Des impayés, des licenciements qui pèsent lourds.
"On n'imagine ça, jamais ça, pour son entreprise. Jamais, jamais, jamais. J'ai toujours travaillé dans l'esprit de revendre ou transmettre. Et là, ça ne se fera pas. Donc, il faut faire le deuil de ça. "
"Patrons, la vie après l'échec" est un documentaire qui suit l’évolution de de ces hommes et de ces femmes cassés par l’échec.
Le spectateur découvre la main tendue de ceux qui l’ont connu et qui veulent aider leurs pairs à s’en sortir comme les bénévoles de l'association nordiste SOS entrepreneurs, qui ont mis en place une ligne téléphonique dédiée, disponible 24/24.
Lors d’un stage en immersion. Encadré par des chefs d’entreprise, des médecins, ou des coachs sportifs. Les stagiaires racontent leur expérience, et découvrent comment dépasser l’échec.
"L’idée est de donner au stagiaire un point de vue sur tous les aspects de sa vie, son hygiène de vie, sa situation financière, on balaye tout. On se présente comme des Hercule Poirot, pour rassembler le puzzle", explique un des bénévoles.
" Le droit à l'échec, c'est le droit au rebond. (...) On ne se rend pas compte du cataclysme que ça créé dans la société -au niveau économique- de perdre ces potentialités qui certes avaient échoué mais qui peuvent, si elles rebondissaient, ré-apporter de la valeur", explique Eric Feldmann, le président du Tribunal de Commerce de Lille Métropole.
Rebondir, avoir de la valeur, reprendre confiance en soi... Dans ces portraits, le réalisateur Christophe Rémy met en lumière les solutions qui existent face à cet abîme.
Exemples avec Jean qui se consacre désormais à la photo. Il met en scène ce qu'il vivait ou de ce qu'il ressentait lors de sa chute, montrant la fragilité du petit patron et prend ainsi conscience qu'il peut redémarrer dans autre chose. Porté par le succès de son portfolio "Petit patron".Le droit à l'échec, c'est le droit au rebond.
Ou avec Laure, dont on suit la chute au début du film. Aidée, relevée, elle reprend pied. Et entame une formation.
Christine, elle aussi touchée par l'échec, a créé les "journées du rebond". Un temps d'échange et de partage pour valoriser l'expérience entrepreneuriale.
Patrons, la vie après l'échec
Réalisation : Christophe RemyUne coproduction : France 3 Grand Est / Nomades Tv