Soupçonnés d'avoir vandalisé une poissonnerie, un restaurant ou encore une boucherie, deux activistes antispécistes seront jugés vendredi matin pour "dégradations" devant le tribunal correctionnel de Lille.
En 2018, plusieurs commerces alimentaires du centre-ville de Lille ont été vandalisés, parfois tagués "stop au spécisme". Selon l'enquête, ces actions ont été menées par des militants antispécistes, des activistes de la cause animale refusant la hiérarchisation entre espèces.
Après ces dégradations, la maire de Lille Martine Aubry avait condamné "ces actes de vandalisme inacceptables". "Chacun a le droit d'avoir des opinions et de les défendre. Mais rien ne justifie de tels actes de violence et de destruction d'un outil de travail", avait-elle réagi.
Dégradations volontaires en réunion
Dans un communiqué, le préfet du Nord, Michel Lalande, avait quant à lui assuré "suivre cette affaire avec la plus grande attention". En septembre, dans le cadre de l'enquête sur la dégradation de ces commerces, six personnes avaient été interpellées notamment "grâce à l'ADN et à un travail de téléphonie", selon une source proche du dossier qui précisait qu'il y avait aussi eu des perquisitions fructueuses.
Deux d'entre elles seront jugées vendredi à 08H30, dont une jeune femme de 21 ans poursuivie pour "dégradations volontaires en réunion" soupçonnée d'avoir vandalisé une boucherie, une poissonnerie et une chaîne de restauration rapide spécialisée dans le canard. La militante assure n'avoir "rien à voir" avec ces actions qui ont eu lieu de nuit, à visage caché. Devenue vegan en 2016, après avoir visionné des vidéos de maltraitance animale sur les réseaux sociaux, la prévenue est membre de l'association "269 Libération animale", qui se définit comme une "organisation" luttant "contre le spécisme en pratiquant l'action directe offensive contre les institutions de domination".
A ses côtés sera jugé un homme de 31 ans soupçonné d'avoir dégradé une poissonnerie. Il nie également avoir participé à cette action.
"Extrémisme"
La Fédération des Bouchers du Nord, partie civile, "attend de la justice" qu'elle "sanctionne" pour "montrer que ces comportements ne sont pas normaux", a affirmé son président, Laurent Rigaud, qui dénonce "l'extrémisme" de ce mouvement.
"On souhaite aussi que l'enquête se poursuive pour interpeller l'ensemble des auteurs impliqués dans ces dégradations", a-t-il ajouté.
"La décision rendue doit être exemplaire et dissuasive", a pour sa part demandé Marc Daubie, gérant d'une boucherie vandalisée, également partie civile.