Mons-en-Baroeul compte 21 000 habitants, plus d’un tiers vit en logement social. Dans les années 60-70 la ville a vu sa population doubler avec la création d’une ZUP (Zone urbaine prioritaire). Depuis le début des années 2000, la ville bénéficie d’un vaste programme de rénovation urbaine grâce à l’ANRU. 200 millions d’euros ont été investis pour améliorer le cade de vie, mais en juin dernier elle a été la principale touchée dans la région par les émeutes.
Sur le marché de Mons-en-Baroeul, ce jeudi matin, les habitants ne cachent pas leur colère, leur déception et même, pour certains, la peur qu’ils ressentent suite à ces événements.
Des jeunes venus de l'extérieur
Beaucoup d’incompréhension, face à cet hôtel de ville incendié, dans la nuit du 28 au 29 juin dernier. La salle des fêtes Salvador Allende a aussi été victime de cette violence. Pourtant, tous les enfants de Mons sont passés par là pour faire leurs spectacles de fin d’année. Pour certains, ce ne sont pas des Monsois qui ont mis le feu mais des jeunes venus de l’extérieur. De fait, sur les 17 interpellations seules 6 personnes viennent de la commune. Mais alors pourquoi cette ville ? Le maire DVG Rudy Elegeest le dit encore « j’ai cherché du sens, à tout cela, c’est difficile mais il n’y en a pas. » Malgré tout, le fait d’être face au métro, avec un commissariat au sein de l’hôtel de ville explique, selon lui, que des jeunes organisés, via les réseaux sociaux, se soient donné rendez-vous là.
Les tirs de mortiers ont fusé
Ce soir-là, la commune n’est pas dans les priorités. Il n’y a pas de CRS sur place, ni de renfort quand à 22H30, les tirs de mortiers commencent à fuser sur le bâtiment. Quatre heures de tir continu. Les jeunes sont ravitaillés. Le maire assiste impuissant à la destruction de son hall d’accueil qui vient d’être refait (2 ans de travaux 5 millions d’euros de travaux détruits en quelques minutes).
Aujourd’hui, Rudy Elegeest parle des pertes matérielles plus 7 millions d’euros de dégâts, mais surtout du coût psychologique pour les équipes municipales, qui travaillaient dans ces locaux. Désormais, le public est accueilli dans une mairie provisoire, pour 2 ans.
Au centre social Imagine, au cœur du quartier, le directeur se souvient encore que rien ne laisser présager de telles émeutes. Mons-en-Baroeul apparaissait comme un secteur calme. En attendant d’avoir le recul nécessaire pour analyser les faits, Dimitri Nicol explique que les réseaux sociaux ont eu un rôle à jouer avec un enrôlement et une frénésie sur le moment.
Certains jeunes interpellés n’avaient pas du tout le profil de délinquant. Dans le quartier après les faits, c’est la « sidération » qui domine, selon Nadine-Salima Blondiaux, habitante investie. Aujourd’hui avec le centre social, ils travaillent sur le « vivre ensemble », comment les habitants ont vécu cet événement. Les jeunes qui y viennent ont raconté leur rancœur, d’être « mis dans le même sac » que les casseurs. Parmi les solutions évoquées par la première ministre, Dimitri Nicol retient le décalage des examens, car selon lui, l’oisiveté due à l’absentéisme de fin d’année ( avec le bac avancé…) explique une partie des faits. Nadine Salima-Bondiaux, elle, espère le retour d’une police de proximité qui permettrait plus de dialogue entre les jeunes et la police.
Accélérer la rénovation
Rudy Elegeest, s’il salue les annonces régaliennes d’Elisabeth Borne suite aux émeutes (responsabilité des parents, augmentation de l’amende pour non-respect du couvre-feu, responsabilisation des mineurs…), il pointe aussi la nécessité de « ne pas concentrer les inégalités dans les quartiers difficiles » et donc arrêter d’attribuer les logements sociaux pour les publics les plus difficiles dans les quartiers prioritaires. Il espère aussi que la rénovation sera encore accélérée.
À Mons-en-Baroeul l’ANRU acte2 a déjà commencé avec 150 millions d’euros d’investissement, 300 logements détruits, un projet de DOJO, de crèches. Des projets pour l’avenir. Car, donner des perspectives, « de la projection », à ces jeunes est l’une des clés pour que cela ne se reproduise plus, d’après Dimitri Nicol.
Pour regarder l’émission rendez-vous à 11h25 dimanche sur France 3 Nord-Pas-de-Calais.