Au sixième jour du procès des tortionnaires du petit Yanis, la cour s'est consacrée aux auditions des accusés. Le couple qui avait l'enfant à charge, Sébastien B. et Coraline R. ont témoigné à la barre. Le premier a reconnu un acharnement sur le garçon de 2 ans.
"Je me suis acharné dessus" a reconnu Sébastien B. Ses mots ont résonné dans la salle des assises du Nord. Questionné sur ses motivations, il semble incapable de s'expliquer. "Je ne sais pas, j'ai pété les plombs", répond-il. Il comparaît aux côtés de 5 autres accusés pour le calvaire subi par le petit Yanis, 2 ans et demi à l'époque des faits.
En 2018, sa mère, Christine P., dépassée par le climat de violences qui règne dans son propre foyer et l'énergie du petit garçon, décide de le laisser à un couple d'amis à Auberchicourt.
C'est Sébastien B., avec qui elle entretient également une liaison, qui lui propose de prendre l'enfant en charge dans le domicile qu'il partage avec sa compagne, Coraline R. Pendant 15 jours, entre ces 4 murs, le petit Yanis va subir un enfer. Il est frappé, torturé, humilié par des adultes souvent ivres et hilares, selon des premiers témoignages.
"Ce n'est pas 5 minutes de violences au cours d'une soirée arrosée, c'est 15 jours et ça va crescendo, sous les rires. On ne peut pas comprendre", estimait l'avocat de Yanis, Me Reseinthel, à l'ouverture du procès. Son jeune client, qui peine encore à se reconstruire, n'assistera pas au procès de peur de raviver son traumatisme.
"Je m'en veux tous les jours depuis 4 ans"
En ce 6e jour de procès, les photos des accusés défilent sur l'écran de la cour d'assises. Ils ont tous reconnu les faits. Il s'agit aujourd'hui de déterminer qui a infligé quoi à la victime. Coraline R. et Sébastien B. ont été auditionnés les premiers, dans la matinée. Ce dernier a reconnu avoir ligoté, frappé et piétiné Yanis à plusieurs reprises. Dans ce procès, il est également accusé de violences sur ses cinq filles, dont l'une a perdu l'usage de la parole suite au traumatisme subi.
Coraline R., depuis le début du procès, semble ne pas pouvoir contrôler son émotion. À la barre, elle atteste ne pas avoir levé elle-même la main sur Yanis, même si elle n'a rien fait pour faire cesser les tortures subies par le petit garçon. Elle reconnaît tout de même avoir giflé et attaché Yanis, au moins une fois. Les autres accusés rapportent eux d'autres violences de la part de Coraline R. mais aussi des gestes d'attention. C'est par exemple elle qui a fabriqué une attelle de fortune pour la cheville brisée de l'enfant.
Coraline R. s'est dite rongée par la culpabilité. "Je m'en veux tous les jours depuis 4 ans. (...) Tout cela est monstrueux", a-t-elle déclaré, en pleurs.