3 questions à DFDS, la compagnie qui va mettre en place des ferries électriques entre la France et l'Angleterre

Dans son projet présenté lors du sommet Choose France, le danois DFDS espère remplacer sa flotte de ferry entre Douvre, Dunkerque et Calais par des bateaux 100% électriques. Nous avons posé 3 questions à Mathieu Girardin, vice-président exécutif de DFDS pour en savoir plus.

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Au début du mois de mai, nous découvrions le "Liberté", nouveau ferry hybride de la compagnie britannique P&O qui assure les liaisons entre la France et la Grande-Bretagne. Son concurrent, DFDS, a mis les bouchées doubles en dévoilant à l'occasion du sommet Choose France son projet de ferry 100% électrique, dans le détroit du Pas-de-Calais.

En investissant près de un milliard d'euros, la compagnie danoise espère remplacer totalement sa flotte de six navires qui effectue actuellement les liaisons transmanche, à l'horizon 2035. Alors que la décarbonation du détroit est un enjeu majeur, nous nous sommes entretenus avec Mathieu Girardin, vice-président exécutif de DFDS, pour comprendre les dessous de ce projet.

Comment ce projet a vu le jour ?

Mathieu Girardin (MG) : "C'est un projet sur lequel on travaille depuis plusieurs années. Le 15 mars 2023, avec les ports de Calais, Douvres et Dunkerque, nous avons signé un Memorendum of understanding [accord bilatéral entre les parties, NDLR], pour coopérer dans le déploiement de navires électriques dans le détroit du Pas-de-Calais. Mais aussi pour préparer l'électrification des ports, les stations de recharge, la mise en place des infrastructures.

L'objectif est de déployer deux navires à l'horizon 2030, et quatre autres d'ici 2035

Mathieu Girardin

Vice-président exécutif - DFDS

À travers le sommet Choose France, on a eu l'opportunité de présenter ce projet aux autorités françaises avec qui nous travaillons depuis plusieurs années pour préparer la mise en place des infrastructures portuaires. L'objectif est de déployer deux navires à l'horizon 2030, et quatre autres d'ici 2035."

Comment vont fonctionner les ferries électriques ?

MG : "Il est encore trop tôt pour savoir qui fabriquera les navires, et où. Nous sommes encore dans la phase de design. Ce qui est sûr, c'est qu'il s'agit de navires à propulsion électrique. La fabrication des six navires représente un investissement d'un milliard d'euros. On transportera sur ces navires à la fois du fret, des camions, des remorques, des voitures, des touristes et des passagers.

Idéalement, les batteries des bateaux auront une autonomie d'un aller simple. On pourra recharger les navires le temps qu'ils sont à quai. L'objectif est de recharger les navires des deux côtés de la Manche sur les temps d'escale, qui sont extrêmement courts, entre 40 et 45 minutes. On a donc besoin d'une puissance de 40 MW pour recharger ces batteries sur le temps imparti. C'est l'un des grands enjeux de ce projet. L'enjeu ce n’est pas tant le nombre de station de recharge, c'est vraiment de savoir comment est-ce qu'un câble assez puissant va être tiré.

Concernant l'installation de ces stations de charge, l'investissement est porté par les ports. DFDS paiera des frais de service pour les utiliser."

► Lire aussi : Liaisons Transmanche : la compagnie maritime DFDS veut réduire ses émissions de carbone

Quelles sont les visées environnementales de cette opération ?

MG : "On est engagés pour faire ce qui est en notre pouvoir pour l'environnement. La question du recyclage des batteries est une question importante. C'est une de nos préoccupations, mais il est encore trop tôt pour dire comment cela s'organisera.

C'est une question d'autant plus importante quand on passe sur de l'électricité, encore plus si elle est produite de manière décarbonée, ce qui est le cas en France. On sait également que les bateaux électriques font moins de bruit, et ont donc certainement moins d'impact sur la vie marine.

On sait également que les bateaux électriques font moins de bruit, et ont donc certainement moins d'impact sur la vie marine

Mathieu Girardin

Vice-président exécutif - DFDS

C'est un projet qui pour DFDS, s'inscrit dans une stratégie globale de décarbonation de nos activités maritime. Le projet a été extrêmement bien reçu, on est très heureux du soutien affiché par les autorités françaises et par le Président de la République."

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