Le Dunkerquois, comme toute la région, souffre d'un manque de gynécologues. Malgré l'augmentation du nombre de sage-femmes, cette pénurie n'est pas sans conséquences.
Annie Mills a de la chance. Elle fait partie de la patientèle du docteur Noblot depuis 30 ans, une gynécologue qui ne prend plus aucune nouvelle patiente. Dans l'agglomération dunkerquoise, le manque de gynécologues est criant. Cette patiente le constate au quotidien avec ses soeurs : "il y en a une qui n'en n'a pas du tout. Une autre qui a trouvé mais elle a rendez-vous dans 6 mois. Alors qu'elle a des douleurs quand même donc on s'inquiète de savoir qu'est ce qu'on va découvrir".
Avec le Dr Anne Noblot, elles ne sont plus que 5 gynécologues pour l'ensemble de l'agglomération dunkerquoise. Toutes sont proches de la retraite et celles qui sont déjà parties, n'ont pas été remplacées."Bien sûr, il y aura un relais avec les médecins généralistes, avec les sages-femmes. Il y a tout une partie, qui est aussi prise en charge par les gynécologues obstétriciens, mais qui, eux mêmes, sont très occupés par la péri-natalité, les accouchements et la chirurgie gynécologique. Il y a un énorme champ de pathologies qui concernent la gynéco médicale et qui ne va être vu nulle part" explique la spécialiste.
Pour comprendre cette pénurie, il faut savoir qu'entre 1988 et 2003 la spécialité gynécologie médicale a complètement disparu des écoles de médecine, créant un vide dans la pyramide des âges de la profession. Résultat : les derniers diplômés, en 1988, arrivent à la retraite, et les nouveaux arrivants, depuis 2003, sont trop peu nombreux pour répondre à la demande.
Pour palier le manque de gynécologues, de plus en plus de patientes se tournent vers les sages-femmes.
Depuis 2009, elles sont autorisées à prendre le relais mais dans un champs très restreint. "Les sages femmes vont vraiment dépister : dépister le cancer du sein, le cancer du col de l'utérus, et s'occuper de la contraception, notamment retirer, poser les implants contraceptifs, les stérilets. Donc, on est là pour palier aux besoins des patientes qui ne souhaitent pas attendre 6 mois pour se faire poser un stérilet", atteste Bertille Courtemanche, sage-femme.
Dans la région, le nombre de sage-femme a presque doublé en seulement 5 ans. Concernant les gynécologues, ils ne sont plus que 99 et plus de 89%, ont plus de 55 ans. C'est, par exemple, 2 fois moins que les ophtalomogues, spécialité qui connait aussi une pénurie.