En fin de semaine dernière, les compagnons d'Emmaüs Grande-Synthe en grève se sont vus remettre une convocation au prochain conseil d'administration. Vingt-et-une personnes pourraient perdre leur activité et leur toit.
C'est un bras de fer qui vire à l'impensable... Après plusieurs semaines de grève, les compagnons de Emmaüs Grande-Synthe ont reçu vendredi dernier une convocation au prochain conseil d'administration, qui devrait avoir lieu le jeudi 14 septembre. Selon leur avocat, Maitre Ioannis Kappopoulos, "par la voix d'un huissier de justice, la direction les a convoqués pour les exclure du compagnonnage".
Ils sont évidemment très inquiets, on leur dit qu’ils vont se retrouver à la rue.
Maître Ioannis Kappopoulos, avocat des compagnons grévistes
Le président de l'association Emmaüs de Grande Synthe l'assure, il s'agit de "faire un point sur leur dossier et de rappeler le positionnement et les règles du compagnonnage". Il dit "ne pas savoir" la décision finale que prendra le conseil d'administration (composé de deux compagnons, un représentant des salariés et plusieurs bénévoles élus). Selon Jean-Pierre Wexsteen, ces convocations sont "le résultat de leur action, leurs insultes et de l'illégalité de leur mouvement".
Je ne suis pas un tyran et je ne prends pas les décisions unilatérales, j’exécute ce que mandate le conseil d'administration.
Jean-Pierre Wexsteen, président de l’association Emmaüs Grande-Synthe
De son côté, l'avocat s'insurge : "on va remettre des sans-papiers dehors, avec toutes les conséquences que cela peut engendrer". Il compte rédiger un référé pour empêcher la tenue de ce conseil administration.
Conditions de travail difficiles et "pratiques autoritaires"
Tout commence le 22 août dernier : une vingtaine de compagnons sans-papiers d'Emmaüs Grande-Synthe entre en grève. Ces étrangers en situation irrégulière dénoncent des conditions de travail indignes et le non-respect de leur droit quant à leur régularisation.
Ils évoquent également des cas de harcèlement de la part de la direction. Jean-Pierre Wexsteen, président de l’association s'en défend : "j'ai en ma possession entre 50 et 60 attestations de bénévoles qui affirment qu’il n’y a jamais eu une once de racisme envers eux ni une quelconque humiliation".
Le dialogue entre la direction et les compagnons grévistes est rompu. La vingtaine de personnes maintient le piquet de grève à l'entrée des locaux de Grande-Synthe. Quelques jours plus tard, la direction dépose une requête devant le tribunal judiciaire de Dunkerque afin de mettre fin au blocage. Elle chiffre le manque à gagner à 20 000 euros par semaine.
Les grévistes sont soutenus par des compagnons de la Halte Saint-Jean de Saint-André-lez-Lille, eux aussi en grève depuis le mois de juillet. Le 1er septembre, Maitre Ioannis Kappopoulos, l'avocat des compagnons grévistes, conteste cette ordonnance qu'il juge "totalement illégale".
L'audience au tribunal judiciaire de Dunkerque pour invalider ou non le fondement de l'ordonnance de levée du blocage devrait avoir lieu le 21 septembre. "Nous nous présenterons évidemment pour répondre de ces accusations" affirme le président de l'association.