Guerre en Ukraine : Anastasia, 13 ans, retrouve le sourire auprès d'une famille de Dunkerque partie la chercher à la frontière polonaise

Pour arracher à la guerre une adolescente ukrainienne, un couple de Dunkerque fait le voyage jusqu'à la frontière polonaise. La jeune fille a quitté son pays par la route puis à pied, dans le froid et la neige, parmi des milliers de réfugiés. Elle est désormais saine et sauve loin du danger.

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Ce matin Anastasia dessine des croquis de mode dans sa nouvelle chambre d'adolescente. Elle rêve de devenir styliste, et peut-être même à Paris. "Depuis hier on apprend à passer de 4 à 5 explique Virginie. Ma fille de 7 ans joue les traductrices avec Anastasia, qui écrit phonétiquement les mots, 'pinceau', 'ciseaux', les couleurs".

La jeune adolescente ukrainienne de 13 ans est devenue la grande sœur de cette famille dunkerquoise. Quand elle ne partage pas un atelier peinture avec l'ainée, Anastasia promène dans ses bras la plus jeune de 4 ans. L'ancien bureau de Virginie est désormais son univers privilégié. "A son âge, elle a conscience de la guerre qui déchire son pays, même si elle ne mesure pas tout. Mais ce qui est sûr, c'est qu'elle n'ose pas pleurer, ni demander un câlin. Elle ne veut surtout pas nous embêter. C'est un peu surréaliste mais cela fait partie de son éducation."

Anastasia est à l'image du peuple ukrainien, elle fait preuve d'un très grand courage mais aussi d'une très grande pudeur dans les émotions.

Virginie

Quand Virginie et son conjoint prennent la route depuis Dunkerque ce samedi 5 mars au petit matin, ils ne savent toujours pas où il vont pouvoir retrouver Anastasia. Ils connaissent la jeune fille depuis 5 ans. Le couple est membre de l'association Simia Enfants d'Ukraine basée à Tourcoing dans le Nord. Son programme permet d'accueillir, chaque été pendant les vacances, des enfants ukrainiens, qui vivent sur des terres encore polluées par l'explosion de la centrale nucléaire de Tchernobyl. 

14 heures de voyage et l'attente commence

Dunkerque, la Belgique, l'Allemagne puis la Pologne, le voyage aller dure 14 heures. Le couple s'arrête enfin à Dobryzca, chez la grand-mère de Virginie. L'attente commence. "Il fallait d'abord trouver le sésame !" précise la jeune du dunkerquoise. L'homme qui allait pouvoir emmener Anastasia de son village près de Jytomir à 140 km à l'ouest de Kiev, jusqu'à la frontière. Un homme qui, une fois sa mission accomplie, rejoindrait les forces de l'armée ukrainienne.

Anastasia quitte finalement son village le dimanche matin et arrive autour de 22h le lendemain à proximité de Kroscienko Smolnica, le poste frontière côté Pologne. 400km de routes en compagnie de la mère et la propre fille de son chauffeur, un ami de son père. Mais le périple n'est pas tout à fait terminé. Avec la mère de son "passeur", "l'adolescente va encore devoir marcher 4km dans le froid et la neige, passer plusieurs cordons de militaires et de policiers, subir de nombreux contrôles d'identité, avant d'être prise en charge par des bénévoles", précise Virginie. 

Il est 5h du matin ce mardi 8 mars quand enfin Virginie et son mari retrouvent Anastasia. Une attente interminable pour les dunkerquois. "66 heures se sont écoulées entre notre arrivée en Pologne et notre départ ! Nous n'avions plus de contact direct alors avec Anastasia mais nous avions de ses nouvelles par son père qui appelait le chauffeur pour faire des points d'étapes toutes les 5 ou 6 heures."

Enfin les retrouvailles

Quand Anastasia retrouve sa famille d'accueil française, l'adolescente a une fleur à la main. Elle l'a achetée sur son trajet, pour Virginie. Dans son sac à dos il y a deux tuniques folkloriques ukrainiennes pour les enfants du couple, deux napperons, une bouteille d'eau de vie, autant de cadeaux achetés par sa mère. "Pour les ukrainiens, on ne peut pas arriver les mains vides, on ne sait pas faire autrement, explique Virginie, même si on est très pauvre". Dans le sac à dos d'Anastasia, il y avait finalement assez peu d'affaires personnelles, 2 pantalons, 3 chemises, le strict minimum. Rien de plus.

Quand enfin on a vu Anastasia, elle était très blanche, très pâle, blême. Mais elle avait le sourire. Elle a dormi sur tout le trajet du retour, certainement épuisée.

Virginie

24 heures après son arrivée à Dunkerque, l'adolescente retrouve un peu de calme, un répit malgré le souvenir des dangers. "Là étonnamment, elle a l'air d'aller bien, scrute Virginie dans son visage. Vivant à l'ouest de l'Ukraine, elle a peut-être été davantage épargnée, elle n'a peut-être pas vu de morts. Mais on en a pas encore parlé."

Le village d'Anastasia est situé à une cinquantaine de kilomètres de Jytomir. On pouvait penser que la campagne était un peu préservée du conflit. Mais les nouvelles ne sont pas vraiment rassurantes. "Un missile ou plutôt une bombe larguée par un avion est tombée hier juste à côté de chez elle. Sa maman a du quitter sa maison", a appris Virginie après un appel téléphonique entre la jeune fille et sa mère.

Avec ce bombardement, les vitres de sa maison en Ukraine ont explosé. A quelques jours près Anastasia aurait pu être à l'intérieur, victime de cette explosion.

Virginie

Une nouvelle étape s'ouvre pour Anastasia. Virginie et son conjoint doivent à présent gérer le volet administratif. En lien avec la Communauté Urbaine de Dunkerque, ils disposent de tous les documents nécessaires mais attendent encore un traducteur assermenté pour qu'ils soient validés par la sous-préfecture. La scolarisation de l'adolescente interviendra dans un second temps. 

Ce qui compte le plus pour ces parents, c'est le sourire d'Anastasia. Comme celui qu'elle a eu en regardant la mer à son arrivée.

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