Depuis 1958, Gisèle Coudeville tient la barre du Saint-Éloi à l'entrée d'Houtkerque. Plus qu'un café, une véritable institution qui attire les habitués et les curieux avides d'ambiances traditionnelles.
L'œil malicieux, la reine d'Houtkerque trône fièrement derrière son bar en formica. Depuis 1958, Gisèle Coudeville est la patronne du "Saint-Eloi" à Houtkerque. Ici, le bistrot c'est une affaire de famille. Avant elle, ses parents et ses grands parents ont tenu l'établissement. " Mes parents ont repris le bar quand j'avais deux mois", explique Gisèle. Ce serait mentir de dire qu'elle n'est pas née ici.
Sa vie elle l'a passé de l'autre côté du bar, fidèle au poste pour accueillir sa clientèle. Quand on lui demande le secret de la longévité de son affaire, à l'heure ou les bistrots ferment les uns après les autres, elle répond : "Etre ouvert! Ici c'est tous les jours de 8h à 21h, sauf le mardi. Faudrait pas que des gens arrivent et trouvent la porte fermée quand même". En 64 ans de carrière, elle s'est accordée deux voyages. L'un en Provence pendant 10 jours, et une semaine en Tunisie. "Mon mari était maçon, il est décédé il y a onze ans et me disait toujours que je finirai derrière le bar" .
Une clientèle qui dépasse les frontières
Parmi les clients il y a les habitués bien sûr, comme Jacques. Installé à côté de l'entrée, il nous confie venir ici depuis plus de 40 ans : " Ce que j'aime c'est l'ambiance familiale. Gisèle c'est un peu la grand-mère du village". Mais au Saint-Eloi, il y en a aussi qui viennent de beaucoup plus loin, comme Maria et son mari.
Originaires d'Ypres en Belgique, ils ont fait plus d'une vingtaine de kilomètres pour venir boire un verre: "On vient 3 à 4 fois par an, c'est une personne adorable, on passe toujours un bon moment ici, des cafés comme ça il n'en reste plus beaucoup". Autre atout majeur pour nos amis belges : le bilinguisme de la patronne, ici on parle aussi bien français que flamand.
La reine du Picon
Certes, si l'on vient de si loin pour passer un moment au Saint-Eloi c'est pour le sourire et les beaux yeux de Gisèle, mais il y a bien un truc en plus ? La réponse, c'est Jacques qui nous la donne : "Son secret c'est le Picon ! Les belges en raffolent, et ici ils sont bien dosés". Assise à côté, Maria nous le confirme "Son Picon c'est le meilleur, et il est servi dans un verre 25 centilitres, ça n'arrive plus chez nous! "
Quand les clients sont bien servis, ils reviennent !
Gisèle Coudeville
C'est donc ça qui attire les clients de France et de Belgique ! Une recette simple, trois ingrédients inchangés depuis plus de 60 ans. Un fond de sirop de citron, une dose de Picon relevée de vin blanc...
Et la retraite dans tout ça ?
On ne vous a pas tout dit : le jour de notre passage au Saint-Eloi, c'était jour d'anniversaire. Gisèle fêtait ses 87 printemps. Pour l'occasion famille et amis sont venus rendre visite à la petite jeune fille d'Houtkerque. On a rencontré Annie, l'une de ses filles qui est infirmière : " Elle aime tellement être entourée qu'elle ne veut pas s'arrêter. Nous on vient l'aider surtout le week-end quand il y a du monde. Et l'avenir dans tout ça ? Annie l'avoue : "On y pense forcément, j'adore cet endroit et peut-être que l'on reprendra l'affaire avec mon mari mais pas pour l'instant".
Car pour l'instant c'est bel et bien Gisèle qui tient la caisse du Saint-Eloi " Tant que j'ai la santé je vais continuer, c'est toute ma vie". Les lumières du Saint-Eloi devraient donc continuer de briller pour accueillir habitués et clients de passage, telle la maison de la grand-mère chez qui l'on aime se retrouver.