Le procès a eu lieu fin novembre 2024, un an après l'accident qui avait tué Annaëlle Debacker, jeune coiffeuse de vingt ans. Ce mercredi 8 janvier 2025, le tribunal de Lille a relaxé la conductrice poursuivie pour homicide involontaire. Une décision que ne comprend pas la famille, très en colère.
Relaxe ce mercredi 8 janvier 2025 pour la conductrice de 24 ans qui était jugée pour l'homicide involontaire d'Annaëlle Debacker en novembre 2023. Cette dernière était passagère d'une C3 conduite par son compagnon, lorsqu'une collision frontale s'était produite à Warneton, sur la route d'Armentières. Elle était décédée sur les lieux de l'accident.
D'après les analyses toxicologiques, la conductrice avait un taux d'alcool de 1,87g par litre de sang. Problème, les enquêteurs n'avaient pas à l'époque informé la mise en cause de son droit à demander une contre-expertise. Le tribunal a donc fait droit à une conclusion de nullité déposée par l'avocat de la prévenue.
Pas d'élément suffisamment probant
Il a par ailleurs reconnu une faute d'imprudence des deux côtés et surtout, un défaut de maîtrise de la part du conducteur du véhicule dans lequel se trouvait la victime, qui avait "une conduite critiquable", avait consommé du cannabis et roulait à une vitesse estimée entre 77 et 85 km/h sur une route limitée à 70.
En revanche, selon la juge, "
On est vraiment très en colère. C'est inadmissible d'entendre cette décision.
Bruno DebackerPère de la victime
"C'est inadmissible d'entendre des choses comme ça, s'est désolé le père de la victime après la décision du tribunal. Cela veut dire qu'en France, on a le droit de tuer, de prendre sa voiture en roulant alcoolisé sans être poursuivi."
"Relaxer quelqu'un qui est responsable d'un homicide, on va dire entre guillemets involontaire, qui avait 1,87 gramme d'alcool dans le sang, qui n'est même pas présente aujourd'hui à l'audience, parce qu'elle n'assume pas, comme elle n'a jamais assumé ses responsabilités, c'est impensable. On est vraiment très en colère."
"La décision du tribunal se fonde sur le doute et le bénéfice du doute, explique l'avocat lillois de la famille, Antoine Régley, spécialiste en droit routier. On sait qu'il y a des torts des deux côtés, mais on a un doute sur le lien de causalité entre la faute commise par la prévenue et la mort d'Annaëlle. Un homicide involontaire, c'est une faute certaine, un dommage certain et un lien de causalité certain. Et le tribunal dit, eu égard à la façon dont se sont passés les faits tels que l'enquête le dit, finalement on ne sait pas qui a commis une faute et on ne sait pas si la faute et le lien de causalité sont certains."
"C'est très dur à entendre pour les familles, qui sont victimes deux fois, d'abord d'une atrocité et de la mort, et puis victimes d'une justice qu'elles attendaient comme la bouée de secours. Justice qui, finalement, va leur mettre la tête sous l'eau."
Aujourd'hui en France, vous pouvez prendre votre voiture, consommer de l'alcool, tuer des gens, briser des familles et vous sentir libre comme l'air.
Bruno DebackerPère de la victime
L'avocat espère convaincre le parquet de faire appel. "Il me semble, affirme-t-il, qu'il y a malgré tout une place pour une condamnation." La prévenue devra verser 35000 euros de préjudice d'affection à la famille d'Annaëlle, qui conclut, amère : "Vous pouvez prendre votre voiture, consommer de l'alcool, tuer des gens, briser des familles et vous sentir libre comme l'air."
Avec Marie-Noëlle Grimaldi.