Des deux côtés de la frontière belge, les panneaux solaires ne semblent pas séduire de la même manière. Alors que les Hauts-de-France sont à la traîne, le photovoltaïque a su conquérir la Belgique. Pour la semaine de l'environnement nous avons interrogé Étienne Vaudet de l'association spécialiste du sujet, Solaire en Nord, pour comprendre ces disparités.
La différence est souvent saisissante lorsque l'on franchit la frontière avec la Belgique. Il suffit de s'enfoncer quelques kilomètres Outre-Quiévrain pour voir des quantités impressionnantes de panneaux photovoltaïques installés sur les toits des maisons belges.
Pourtant, les toitures équipées de dispositifs photovoltaïques ne sont pas si courantes dans les Hauts-de-France. Les deux côtés de la frontière partagent un climat et des paysages plus ou moins similaires, alors comment expliquer une telle différence ? On fait le point avec Étienne Vaudet, chargé de mission auprès de l'association indépendante Solaire en Nord.
Les Hauts-de-France une région à la traîne ?
"Il n'y a pas photo, il y a plus de panneaux photovoltaïques en Belgique qu'en France. Il y en a dix fois plus" témoigne Étienne Vaudet. Cette différence à la frontière franco-belge se confirme donc par les chiffres, en témoigne la carte ci-dessous :
En bleu, les installations photovoltaïques dans les Hauts-de-France, en rouge, les installations en Belgique. La différence est sans appel et montre des disparités au sein même du pays voisin. "Attention, il y a une grosse différence entre la Flandre et la Wallonie" confirme le chargé de mission. En effet, lorsque l'on s'attarde sur la région wallonne située au sud du pays, la densité d'installations photovoltaïques est bien plus importante qu'au nord dans les Flandres.
Si les Hauts-de-France sont à la traîne, en comparaison avec la Belgique. Ils le sont également par rapport aux autres régions françaises. L'association Solaire en Nord a dressé le bilan du déploiement photovoltaïque en 2023. Les chiffres montrent une dynamique positive, mais en deçà des autres régions de l'hexagone.
On retient notamment que si l'on rapporte la puissance des panneaux solaires au nombre d'habitants, les Hauts-de-France produisent 95 Watt-crête (Wc) par habitants, le reste de la France produit 285 Wc par habitants, et la Belgique 851 Wc par habitants. Le watt-crête, ou Wc, est l'unité de mesure utilisée pour mesurer la puissance maximale qu'un panneau solaire est capable de fournir dans des conditions idéales.
Néanmoins, le bilan n'est pas aussi sombre qu'il n'y paraît pour les Hauts-de-France. Sur l'année 2023, 108 MWc ont été raccordés dans la région. Soit 77% de plus qu'en 2022. Et la région est ambitieuse pour le futur. Les projets solaires photovoltaïques sont en partie encadrés par l'État.
Le Schéma Régional d'Aménagement de Développement Durable et d'Égalité des Terriroires (dit SRADDET) fixe l'objectif de production d'énergie solaire photovoltaïque à 1778 GWh dans les Hauts-de-France à l'horizon 2031. Soit presque 5 fois plus qu'en 2021, où l'objectif était fixé à 363 GWh.
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Entre la France et la Belgique, deux réglementations différentes
La grande inconnue dans la production d'énergie solaire, c'est le stockage de l'électricité produite. Et à ce sujet, Étienne Vaudet de Soleil en Nord ne peut pas être plus clair : "Il n'y a pas de solution de stockage, nulle part. L'électricité c'est de l'instantané"
Se pose alors la question suivante : que faire de cette énergie en trop ? C'est ici que les disparités régionales se font sentir. "En Flandres, c'est injecté sur le réseau gratuitement, mais le compteur individuel de chacun compte à l'envers" explique-t-il. De l'autre côté de la frontière, "en France, le compteur Linky va compter tout ce qui est injecté sur le réseau."
Le spécialiste de Soleil en Nord pointe d'autres différences entre les deux pays, "en France il faut un installateur RGE (Reconnu Garant de l'Environnement), les coûts d'investissements sont différents. Par exemple, en France le solaire coûte plus cher qu'en Belgique, il y a des démarches administratives et des assurances supplémentaires. Les objectifs de déploiement ne sont pas les mêmes dans les deux pays."