Agathe Monpays, originaire d'Armentières dans le Nord, a totalement brisé le plafond de verre des entreprises françaises en devenant à 28 ans, directrice générale de Leroy Merlin France, mastodonte de 30 000 salariés.
En France, les femmes directrice générale des grosses entreprises sont presque inexistantes. L'observatoire Skema de la féminisation des entreprises note qu’en 2020 il existe seulement trois femmes sur 120 postes de président de conseil d’administration et de directeur général dans les grosses entreprises françaises.
Agathe Monpays, à la tête de Leroy Merlin France
En mai denier, Agathe Monpays, originaire du Nord, a été nommée comme directrice générale à la tête du géant Leroy Merlin France. Avant de prendre la tête de l'entreprise, elle a fait ses armes au magasin de Tourcoing. Elle est diplômée de l'école de management IESEG à Lille.
Cette nomination a fait la une des actualités et aussi des réseaux sociaux. De nombreux internautes jugent impossible d’obtenir un tel poste à l’âge de 28 ans. Pire, ils insinuent même que c’est sûrement parce qu’elle est la petite amie d'un des membres de la famille Mulliez, à la tête de la chaîne de magasin de bricolage à travers le monde. Une rumeur démentie par plusieurs médias comme La Voix du Nord.
Le groupe semble en tout cas avoir une stratégie de féminisation des hauts postes. Il a fait de même pour Kiabi en proposant le poste de directrice générale à Ouarda Ech-Chykry, jeune femme de 34 ans.
Caroline Roussel la directrice générale de l’école de management IESEG à Lille explique que la belle carrière d'Agathe Monpays n'est pas un cas isolé parmi les diplômées, grâce aussi à une prise de conscience au sein de l'établissement : "On a mis en place un cours obligatoire sur la diversité, l'égalité et l'inclusion. Un module en ligne est aussi obligatoire sur la prévention des violences sexistes et sexuelles durant la vie étudiante et en entreprise. Dans leur rapport de stage, les étudiants doivent avoir une réflexion personnelle sur la politique d'égalité des entreprises qui les ont accueillis. Cela va contribuer à faire évoluer les modes de management."
Une meilleure croissance avec une femme PDG
Sur le papier, engager une femme à un haut poste semble une bonne stratégie. Plus une entreprise compte de femmes à sa tête, plus elle est rentable. L’étude de l’observatoire Skema démontre que sur dix ans, les dix entreprises les plus mixtes affichent près de 300 % de croissance contre 43 % pour la moyenne des entreprises du CAC 40.
Cependant, un congé maternité peut encore être un frein dans une carrière, ainsi que le jeunisme, l’âgisme, le sexisme. Beaucoup de barrières entravent la carrière des femmes, surtout dans les entreprises de l’industrie. Dans ce secteur, elles restent peu présentes dans les fonctions de direction (environ 15 % des comités exécutifs). Le collectif industri’elles avec le ministère en charge de l’Industrie vient de relancer un protocole pour féminiser ce secteur qui compte seulement 30 % de femmes salariées.
Aline Doyen, directrice générale de l’entreprise Somepic dans La Somme, spécialisée dans les pièces industrielles aéronautiques, a du mal à recruter des femmes : "Les élèves dans les écoles d'ingénieurs sont surtout des hommes, et de ce fait sont plus nombreux à prétendre à des postes de responsabilité."
À la tête de l’entreprise de 80 salariés, Aline Doyen a succédé à son père à l'âge de 35 ans. En tant que femme, elle tient à instaurer une égalité parfaite entre ses 80 salariés : "Je dis souvent à mes collaborateurs qu'ils ont de la chance que je sois une femme, car avec moi, l'égalité salariale n'est pas un sujet. Que l'on soit une fille ou un garçon, on a le même cerveau, donc il n'y a pas de raison de faire de différence dans l'entreprise."
Pour en savoir plus, retrouvez ci-dessus, notre émission Hauts féminin présentée par Marie Sicaud accompagnée de la journaliste Christelle Juteau-Lermechin, ainsi que l'intégralité des émissions sur france.tv.