Championne de France, compétitrice internationale… À 31 ans, l’Amiénoise Valentine Roger excelle en muay thaï, l’autre nom de la boxe thaï. Aussi combative dans la vie que sur le ring, elle s'engage pour la condition des femmes.
Inarrêtable. À la force des poings et des pieds, le 17 mars dernier, Valentine Roger est sacrée championne de France professionnelle de muay thaï, ou boxe thaï, dans la catégorie -48 kg. Quelques semaines plus tard, elle s’envole pour les championnats du monde, à Bangkok. Cette fois, pas de médaille, mais la preuve qu’elle est l’une des meilleures de sa discipline.
Première Amiénoise à l'international
À 31 ans, Valentine Roger est, entre autres, la première femme amiénoise à avoir participé à une compétition internationale. Une fierté pour son entraîneur, Didier Jumel : "Elle savait ce qu’elle voulait. Il y a des élèves avec qui vous n’avez pas besoin de passer beaucoup de temps. Avec elle, j’ai compris tout de suite !"
Lorsque la Picarde découvre la discipline, il y a un peu plus de 10 ans, c’est le coup de foudre : "La boxe m’a énormément aidée, ça m’a permis de me canaliser et d’exprimer des choses de manière plus saine que dans d’autres contextes." Depuis, la sportive est passée professionnelle, mais ne vit pas de sa passion. Avec deux sponsors cette année, elle s’estime chanceuse. "Par rapport au niveau que j’ai et à la représentation médiatique, ça reste peu et c’est beaucoup d’efforts pour les obtenir, contrairement à d’autres sports où dès le niveau départemental ça peut être possible", déplore-t-elle.
Des injustices qui, en boxe thaï, frappent surtout les femmes. Valentine Roger les dénonce au-delà des frontières du sport. Au sein du collectif Collages féministes Amiens, elle lutte contre les violences faites aux femmes et accompagne les victimes. Elle y trouve du soutien et un écho à son histoire personnelle : "J’ai lutté moi-même contre des agressions, j’avais besoin de me rendre justice à moi-même. J’y trouve une manière d’exprimer une colère, c’est un combat que je trouve indispensable."
À côté du ring, Valentine Roger mène une tout autre vie. Professeure des écoles, elle passe sa journée auprès d’élèves un peu spéciaux : des détenus. Depuis quatre ans, la jeune femme enseigne en maison d’arrêt. Un métier grâce auquel elle se sent "utile" et espère favoriser la réinsertion des prisonniers. "Même si les apprentissages sont longs, ils se sentent valorisés, en réussite, observe-t-elle. On voit que ça développe chez eux un peu d’espoir, et ça c’est important."
"Mon rapport au sport est probablement en grande partie lié à cette maladie et à cette histoire"
Valentine Roger, championne de muay thaï
Le combat sur le ring, dans la rue, en prison. Dans l’ADN de Valentine, peut-être aussi, au sens propre : son grand-père maternel est décédé des suites de la maladie génétique de Charcot. La jeune femme ne s’est pas fait dépister, mais la menace plane sur elle et ses proches. "On vit avec une épée de Damoclès au-dessus de soi, confie-t-elle. C’est anxiogène, mais ça fait voir la vie autrement, c’est quelque chose qui m’habite et me fait me battre au quotidien. Mon rapport au sport, il est probable qu’il soit en grande partie lié à cette maladie et à cette histoire."
Une détermination saluée par tous, à commencer par sa mère. Nathalie Brandicourt avoue trouver "difficile" d’assister aux combats de sa fille, par peur. "Moi, peu m’importe qu’elle gagne ou qu’elle perde, à chaque fois elle donne tout ce qu’elle a et ne renonce jamais, c’est ça qui est incroyable. Je suis fière de son choix, même admirative, car elle développe une énergie, une persévérance dans tout ce qu’elle fait !" Pour Valentine Roger, pas de répit : son prochain combat aura lieu le 24 juin, à Paris.
Retrouvez l'intégralité de l'émission Hauts féminin avec Valentine Roger, ci-dessus et sur france.tv.