Témoignage. La journaliste Plana Radenovic dresse le portrait empathique du braqueur Redoine Faïd

Publié le Écrit par Marie Joan
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Fait-diversière aguerrie du Journal du Dimanche, Plana Radenovic sort son nouveau livre "Depuis l’enfer gris", qui relate sa correspondance avec le prisonnier Redoine Faïd. Par son vécu, elle retrace avec empathie et passion des parcours de vie dans ses écrits.

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Avec son nouveau livre Depuis l'enfer gris, la journaliste Plana Radenovic s'attaque à un sujet dont on parle peu, un peu tabou aussi : le traitement des prisonniers et leur réinsertion. 224 pages dans lesquelles elle relate sa correspondance avec le braqueur Redoine Faïd, actuellement incarcéré à Fleury-Mérogis.

"Je voulais montrer comment on enferme des gens aujourd'hui en France, dans le pays des droits de l'homme. Comment on traite des personnes qui sont des humains en les laissant pourrir en prison. Je ne suis pas idéaliste - bien sûr qu'il faut punir les gens et les incarcérer - mais il faut leur laisser une fenêtre ouverte", explique la reporter police-justice.

Le braqueur multirécidiviste Redoine Faïd est connu pour avoir réussi deux évasions rocambolesques. L'une de la prison de Sequedin en 2013 et l'autre, de celle de Réau en 2018, grâce à un hélicoptère. Depuis cinq ans, il est à l'isolement, sans contact physique ni humain, dans une cellule de 9 m2.

Les lettres, un pont entre l'enfermement et le monde libre

La correspondance épistolaire entre la journaliste et le braqueur est née peu de temps après une interview au parloir du centre pénitentiaire de Vendin-le-Vieil, dans le Pas-de-Calais. Elle enquêtait alors sur les conditions de détention en prison. La première lettre est arrivée après la parution de l'article dans le journal.

"J’ai trouvé qu’il écrivait très bien et c'est ce qui m'a intéressée d'abord : échanger avec quelqu’un qui s’exprimait aussi bien. Ensuite, j’ai écrit une deuxième lettre et l’échange est né", se souvient Plana Radenovic.

Dans leurs courriers qu'ils s'envoient depuis quatre ans, ils parlent des conditions "difficiles et drastiques" de la détention du prisonnier. Mais pas que : ils parlent aussi de leur vie respective et de sujets plus légers.

Au fil des lettres, malgré leurs nombreuses différences, ils se découvrent aussi des similitudes. Tous deux ont perdu leur mère quand elle avait 58 ans.

"J'ai été assez étonnée de savoir qu'on avait des points communs, mais cela prouve bien notre statut de frère humain et des similitudes qu'on peut tous avoir"

Plana Radenovic

Journaliste au JDD

C'est Redoine Faïd qui le découvre en lisant le premier livre de Plana, Ta vie en éclats, qui raconte son enfance et sa relation avec sa mère. "Je pense que quand il l'a lu, il y a comme un mur qui est tombé et qui a libéré son empathie et son humanité. Il n'était plus dans la posture du caïd ou dans la manipulation qu'on a pu lui reprocher par le passé", commente-t-elle.

"Montrer que les personnes ne sont pas ce qu'elles paraissent être"

L'histoire de sa mère, et donc aussi la sienne, marque considérablement les écrits de la journaliste et sa manière de travailler. "Je me suis rendue compte de cela il n'y a pas longtemps. Ce qui importe beaucoup pour moi, c'est de comprendre des trajectoires, des passages à l'acte par exemple si on parle de crime et ce qui fait que moi aussi, en tant que personne, je pourrais aussi être à sa place", résume-t-elle.

Fait-diversière, elle sillonne quotidiennement tribunal et cour d'assises. Elle place l'empathie au centre de ses interactions. Elle s'efforce de se mettre à la place de chacun lors d'un procès : victime, accusé, parents, proches...

L'une de ses premières rédactrices en chef, Delphine Deslée, a eu l'occasion de relire son premier manuscrit. "Elle est profondément tournée vers les autres, explique-t-elle, elle n'est pas dans le jugement et c'est ce qui fait que pour moi, on a envie de lui raconter son histoire. Elle arrive à instaurer avec ses interlocuteurs qui n'ont pas l'habitude du rapport médiatique, une relation de confiance."

Pour Plana, les faits divers ne se résument pas à une histoire sordide et à une tragédie, mais aussi à des histoires humaines. Elle prend l'exemple de l'incendie d'une maison et de l'entraide qui peut s'organiser dans le voisinage à travers des cagnottes, dans d'autres situations aussi, l'organisation de marche blanche pour rendre hommage aux victimes. Elle termine : "En fait, il y a aussi du beau dans le sombre."

durée de la vidéo : 00h13mn00s
Plana Radenovic dans Hauts féminin le lundi 3 avril ©France Télévision

Retrouvez l'intégralité de l'émission Hauts féminin diffusée le 3 avril avec Plana Radenovic et les autres épisodes de l'émission sur France.tv.

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