Finale de Coupe Davis au stade Pierre-Mauroy : le pari de la terre battue, terrain glissant ?

Choisir la terre battue pour neutraliser au maximum la Croatie de Marin Cilic se justifie; cependant, historiquement, depuis plus de 35 ans, miser sur cette surface en finale de la Coupe Davis ne sourit pas aux Bleus.

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La moins bonne surface de Cilic mais... Yannick Noah, le capitaine de l'équipe de France, ne s'en est pas caché : c'est d'abord pour gêner les Croates, plus que pour favoriser les Bleus, qu'il a tranché en faveur de l'ocre. "Ils sont moins forts sur terre battue que sur d'autres surfaces, c'est un fait", établit-il.

Cilic, N.1 croate et N.7 mondial (29 ans), a certes remporté deux tournois sur terre battue (Umag 2012, Istanbul 2017), mais ce n'est qu'une mince part des 18 titres qu'il compte à son palmarès. Et Roland-Garros est la seule levée du Grand Chelem dans laquelle le vainqueur de l'US Open 2014 n'a pas, au moins, atteint la finale. Il y reste toutefois sur deux quarts de finale.

Quant au N.2 croate, Borna Coric, aux portes du Top 10 à 22 ans au bout d'une saison remarquable, il a obtenu l'un de ses deux trophées sur ocre (Marrakech 2017) mais n'a encore jamais dépassé le troisième tour Porte d'Auteuil.

 

 

Adaptation réduite


L'autre argument de Noah, c'est de tirer profit de la présence récente des N.1 et N.2 croates au Masters de Londres (Cilic éliminé en poules, Coric remplaçant), qui réduit à "cinq jours maximum" leur adaptation à la terre battue quand les Bleus ont eux bénéficié de trois semaines de préparation. A l'exception de la paire de double Nicolas Mahut/Pierre-Hugues Herbert, finaliste du Masters dimanche.
 
"Il y a un temps d'adaptation sur terre battue, c'est basique. Tu peux faire un, deux bons sets avec très peu de préparation, mais c'est plus compliqué de faire deux bons matches", résume le capitaine tricolore. 
 


Quatre finales sur terre, quatre défaites


Le hic, c'est que dans l'ère moderne de la Coupe Davis (depuis la mise en place du groupe mondial en 1981), toutes les finales à domicile que les Bleus ont choisi de jouer sur terre battue ont, jusque-là, mal tourné.

La plus récente, c'était il y a quatre ans, à Lille déjà, face à la Suisse de Roger Federer et Stan Wawrinka (3-1) -qui eux aussi revenaient juste de Londres-, sous le capitanat d'Arnaud Clément.

Avant, en 2002 à Bercy, c'était contre la Russie de Marat Safin et Yevgeny Kafelnikov (3-2), et en 1999 à Nice, face à l'Australie de Lleyton Hewitt (3-1), à chaque fois sous la houlette de Guy Forget. En 1982 à Grenoble enfin, c'était contre les Etats-Unis de John McEnroe (3-0). Noah était alors sur le terrain.

Au contraire, les deux finales organisées par la France sur dur intérieur lui ont réussi. Face aux Belges emmenés par David Goffin en novembre dernier (3-2), et en 1991 à Lyon contre la "dream team" américaine Pete Sampras et Andre Agassi (3-1), grâce à un Henri Leconte en état de grâce.

Pas de quoi déstabiliser Jo-Wilfried Tsonga : "En 2014, on a perdu contre les Suisses parce qu'ils étaient meilleurs que nous, affirme-t-il. On a gagné des rencontres sur dur, sur terre, on en a également perdu, ce n'est pas un facteur pour nous. Le facteur, ça va être notre capacité à être très bons ce week-end."
 


Trois tours sur terre, trois victoires


Compter sur une transition délicate entre dur et terre battue pour les Croates, en particulier au bout d'une saison éprouvante, risque d'être illusoire. Car tout au long de la campagne 2018 -à leur initiative- Cilic et ses acolytes
n'ont joué, et gagné, que sur ocre, prouvant tour après tour leur capacité à s'y adapter rapidement en venant du dur, après l'Open d'Australie, Miami, puis l'US Open.

S'ils ne se sont pas mesurés à des spécialistes, ils ont successivement fait tomber sur cette surface le Canada de Denis Shapovalov (3-1) au premier tour, suivi du Kazakhstan (3-1) et des Etats-Unis du trio Johnson-Tiafoe-Querrey (3-2). "On a déjà joué trois fois sur terre battue cette saison, à chaque fois après du dur. Il y a un peu plus de courses, de glissades, de défense, mais je m'adapte plutôt vite" : Cilic se veut confiant et souligne que "la terre battue intérieure est un peu plus rapide que l'extérieure".

Aux Bleus de faire mentir les statistiques.
    

 
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