Une réunion entre ministres est prévue ce vendredi matin. Le volet sur les prisons est particulièrement attendu.
Edouard Philippe va présenter ce vendredi 23 février à Lille un nouveau plan contre la radicalisation jihadiste, un domaine où les autorités avancent encore à tâtons trois ans après les attentats de janvier 2015.
Rencontre entre ministres
Au terme d'un comité interministériel rassemblant dans la matinée une dizaine de membres du gouvernement, dont Nicole Belloubet (Justice), Gérard Collomb (Intérieur), Jean-Michel Blanquer (Education) et Laura Flessel (Jeunesse), le Premier ministre, en déplacement dans le Nord depuis hier, doit dévoiler à la mi-journée un "plan national de prévention de la radicalisation", promis en octobre par Emmanuel Macron qui comportera une soixantaine de mesures, selon Matignon.
Le volet le plus attendu concerne les prisons : c'est la violente agression d'un surveillant par un détenu radicalisé à Vendin-le-Vieil qui avait déclenché le vaste mouvement de protestation des gardiens en janvier.
Sur près de 70.000 détenus en France, 512 personnes sont actuellement incarcérées pour des faits de terrorisme. Par ailleurs, 1.139 prisonniers de droit commun ont été identifiés comme "radicalisés".
Éviter la contagion
Le gouvernement veut prévenir la "contagion". Selon des sources gouvernementales, le Premier ministre doit annoncer des mesures renforçant "l'étanchéité" entre les détenus radicalisés et les autres, ainsi qu'une meilleure détection et répartition, pour décongestionner les maisons d'arrêt d'Ile-de-France où sont incarcérés 60% des détenus poursuivis pour actes de terrorisme.
Avant la réunion gouvernementale, Mme Belloubet doit se rendre tôt vendredi matin dans la prison voisine de Lille-Annoeullin, où se trouve un quartier pionnier de prise en charge de la radicalisation. Une des pistes pour éviter que les cadres prosélytes des réseaux jihadistes n'entrent en contact avec les détenus de droit commun.
68 mineurs de retour en France
Concernant les mineurs de retour de zones de guerre jihadiste, le Premier ministre devrait notamment lancer le chantier de la professionnalisation des personnels amenés à prendre en charge des "lionceaux du Califat" de retour de Syrie ou d'Irak après avoir été embrigadés par l'organisation Etat islamique.
Les difficultés des autorités françaises à trouver une parade efficace avaient été symbolisées par l'échec du premier centre de "déradicalisation", en Indre-et-Loire, qui n'avait accueilli personne car il était basé sur le volontariat.
Au dernier pointage officiel, 68 mineurs, en quasi-totalité de moins de 13 ans, sont de retour en France. Quelque 500 seraient encore au Levant.