Seul candidat à la succession, Martial Beyaert, 48ans, est devenu mercredi le nouveau maire de Grande-Synthe. Le fauteuil était vacant suite à l'élection de Damien Carême comme député européen. L'ex-premier adjoint a été élu par un conseil municipal divisé.
Onze bulletins blancs sur 32 votants, alors que ne siégeaient que 3 opposants à la majorité municipale. Mathématiquement, l'élection de Martial Beyart comme maire de Grande-Synthe n'a pas été un plebiscite.
C'est même une majorité municipale divisée qui a fait de l'ex-premier adjoint de Damien Carême le nouvel édile de la ville du Dunkerquois. Le principal intéressé ne s'en émeut pas : "Nous sommes à 9 mois des prochaines élections municipales . C'est normal que le départ d'un maire comme charismatique comme Damien Carême aiguise les apétits", analyse Martial Beyart.
Espérons qu'il prenne la mesure des atouts de #GrandeSynthe en ne remettant pas en cause certaines actions innovantes et appréciées dans cette ville !! ?https://t.co/nUxpZ4S2dr
— Xavier Vilain ? (@XavDk1) 3 juillet 2019
Qui est Martial Beyart, le nouveau maire de Grande-Synthe ?
Martial Beyart a 48 ans. Né à Coudekerque-Branche, il est arrivé à Grande-Synthe il y a plus de vingt ans, pendant ses années lycéennes.
Socialiste, il a été adjoint aux finances dès 2008, avant de devenir premier adjoint premier adjoint aux finances et au sport en 2014.
Il dit vouloir s'inscrire dans la continuité du mandat engagé depuis 2014 et poursuivre la politique menée par son prédecesseur.
Ses ambitions pour 2020 ? Martial Beyaert dit que le temps de la campagne pour les municipales n'est pas encore venu. Il a tout de même créé une association en septembre dernier, "Agir pour Grande-Synthe", dont il est le président. L'idée est de mener des ateliers participatifs avec les habitants, pour préparer un programme. Autant dire que le nouvel édile n'est pas seulement là pour assurer l'intérim avant les prochaines échéances.
La difficile succession d'un maire charismatique
Succéder à Damien Carême n'est pas facile, lui qui a porté l'écharpe de maire de Grande-Synthe pendant 18 ans, avec le charisme que l'on sait.
Chantre de l'écologie sociale, il a fait de sa petite ville industrielle de 23 000 habitants une référence en matière d'écologie sociale, son cheval de bataille.
Sa dernière inovation remonte au printemps, avec l'expérimentation du "revenu de transition écologique", première en France pour une déclinaison locale de l'idée d'un revenu universel.
Auparavant, Damien Carême avait hissé Grande-Synthe au titre de "Capitale française de la biodiversité" en 2010, performance pour une ville industrielle cernée de sites Seveso, avec sur son sol le mastodonte sidérurgiste Arcelor Mittal.
Grande-Synthe, c'est encore des cantines scolaires 100% bio ou des jardins populaires au pied des immeubles, une ambition écologique forte pour une ville en transition, dont un habitant sur cinq vit pourtant sous le seuil de pauvreté.
Une politique dans laequelle son successeur s'inscrit pleinement : "J'ai été le premier adjoint d'une politique de sociale écologie, à laquelle j'entends rester fidèle", défend celui qui a été l'un des premiers soutiens de Benoît Hamon lors des primaires socialistes de 2017. Un candidat qu'avait également soutenu Damien Carême.
Une politique volontariste en faveur des migrants
Damien Carême incarne aussi une politique volontariste sur la question des migrants, lui qui n'a pas hésité à construire contre l'avis de l'Etat le premier camp humaitaire de France, avec l'ONG Médecins Sans Frontières. Le camp de la Linière sera finalement détruit un an après son ouverture, victime d'un incendie en avril 2018.
Mais la ville accueille toujours des migrants, notamment autour de l'Espace jeunes, où vivent en ce moment quelques 700 exilés. L'Etat vient d'ailleurs d'être condamné à y installer des douches et des points d'eau, après une saisie du Tribunal administratif par la ville et un collectif d'associations.
Martial Beyaert dit sur ce dossier là aussi vouloir poursuivre l'action menée par son prédecesseur, en faveur d'un accueil digne des exilés. Tout en souhaitant ouvrir un espace de dialogue tripartite avec l'Etat et l'agglomération dunkerquoise, afin que l'accueil ne pèse pas seulement sur Grande-Synthe.
Rendez-vous est pris avec le sous-préfet dès lundi prochain.