Guerre en Ukraine : une pharmacie de Gravelines submergée de demandes pour des comprimés d'iode

En Ukraine, les forces russes ont pris le territoire de la centrale nucléaire de Zaporijjia, alimentant la peur d'un incident radioactif. A Gravelines, une pharmacie reçoit des demandes répétées pour se procurer des comprimés d'iode, une précaution inutile pour le moment.

"Je pense que les gens ont peur vis-à-vis de la situation en Ukraine. On a beaucoup, beaucoup de demandes. Rien que ce matin, on a eu au moins dix appels à ce sujet" raconte Isabelle*, préparatrice en pharmacie à Gravelines. La raison de la ruée vers sa pharmacie, ce sont les comprimés d'iode, qui servent en cas de catastrophe nucléaire. 

*Le prénom a été modifié pour respecter le souhait d'anonymat de notre interlocutrice.

En proie à une invasion russe depuis 10 jours, l'Ukraine possède quatre centrales nucléaires encore actives. Dans la nuit du 3 au 4 mars, les soldats russes ont pris le contrôle du territoire autour de la centrale de Zaporijjia. Des tirs ont été portés contre la centrale nucléaire, dont les employés ont fini par diffuser ce message en Russe : "Arrêtez immédiatement de tirer. Vous mettez en danger la sécurité du monde entier. Le fonctionnement d'une partie cruciale de la centrale pourrait être endommagé. Nous ne serons pas en mesure de la rétablir." Une catastrophe a donc été évitée de peu. 

Zaporijjia est à quelque 2700km de Lille, à peine quelques centaines de kilomètres plus loin que Tchernobyl, dont le nuage nucléaire avait bel et bien balayé la France en avril 1986. 

La ruée vers les comprimés d'iode : inutile et risquée

Depuis 1997, le gouvernement en distribue avec parcimonie aux habitants qui vivent dans un rayon de 20km autour des centrales nucléaires. En cas de progression d'un nuage radioactif sur le territoire, leur ingestion permet de saturer la glande thyroïde en iode, afin qu'elle ne puisse pas absorber d'iode radioactif, qui la fait gravement dysfonctionner. Leur consommation préventive est extrêmement déconseillée, et la prise de ces comprimés conditionnée à un ordre formel des autorités.

"Les gens qui habitent près d'une centrale savent comment ça marche, il y a des protocoles, des exercices... Nous sommes préparés. Le problème, c'est ceux qui n'habitent pas dans ce périmètre, qui soudain veulent des comprimés d'iode et risquent de les prendre n'importe comment" regrette Isabelle.

La préparatrice en pharmacie le rappelle : elle n'a de toute façon pas le droit de vous vendre des comprimés d'iode sans une attestation rédigée en bonne et due forme par l'Etat. Si une menace nucléaire réelle devait se préciser, les préfectures sont chargées d'organiser des distributions d'urgence. De plus, "ce n'est pas parce qu'on a pris un comprimé d'iode qu'on est complètement protégé d'une vague radioactive" prévient Isabelle.

En effet, ces comprimés ne protège que des iodes radioactifs pouvant attaquer la thyroïde, mais sont sans effets contre les autres substances radioactives, comme le césium 137, et contre les rayonnements radioactifs. Une mise à l'abri, issues fermées et ventilation coupée, reste absolument indispensable pour tenter de se protéger. En Belgique, où ces comprimés sont en vente libre, la demande a également explosé. L'agence fédérale du nucléaire belge a publiquement rappelé que "la situation en Ukraine ne nécessite pas" la prise de cette pilule.

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