Les Compagnons d'Emmaüs de la Halte-Saint-Jean à Saint-André sont entrés jeudi 28 septembre, dans leur quatrième mois de grève. À cette occasion, ils ont reçu la visite des députés LFI Ugo Bernacilis et Rachel Keke venus les soutenir et ont investi les lieux de la halte Saint-Jean, radicalisant ainsi leur mouvement.
Depuis le 3 juillet 2023, un mouvement de grève a débuté à la Halte Saint-Jean, les Compagnons d'Emmaüs, des dizaines de personnes sans-papiers reprochent à la direction leurs conditions de travail, de vie et la non-régularisation de leur situation administrative.
90 jours après le début de la grève, les Compagnons ont reçu le soutien des députés LFI Ugo Bernalicis (deuxième circonscription du Nord) et Rachel Keke (septième circonscription du Val-de-Marne). Au moment où les députés arrivaient, les Compagnons ont investi la cour de la Halte Saint-Jean, "radicalisant" ainsi leur mouvement.
Que peut-il maintenant advenir ? Les Compagnons et leurs soutiens, le Comité des Sans-Papiers du Nord, la CGT, estiment qu'il s'agit là d'une première étape de radicalisation. Et que les grèves à Grande-Synthe et Tourcoing montrent le début d'un mouvement national.
Par ailleurs, une enquête préliminaire pour traite d'êtres humains, travail dissimulé et abus de confiance sur personnes vulnérables a été ouverte par le parquet de Lille. Des perquisitions ont eu lieu le 13 juin 2023.
Rachel Keke, députée insoumise du Val-de-Marne, estime que l'issue du conflit, sans empiéter sur le domaine judiciaire, est une régularisation des Compagnons.
On ne sait pour le moment les suites données ou pas à cette enquête préliminaire. Du côté, des responsables de la Halte Saint-Jean, son président Pierre Duponchel estime que les Compagnons sont "manipulés". Selon lui, le fait de déposer plainte pour traite d'êtres humains permettrait en soi d'avoir des papiers provisoires, accélérant ainsi leur obtention.
Stéphane Vonthron, CGT Nord, lui, interroge ainsi : "Quelle association aujourd'hui emploie 40 heures par semaine un bénévole avec des horaires ? Statutairement parlant, ce sont des travailleurs et des travailleuses. Un bénévole qu'on oblige à venir sept heures ou huit heures par jour, c'est pas du bénévolat".
Pierre Duponchel, joint par téléphone, rappelait il y a quelques jours : "L'allocation contre du travail, c'est une dialectique syndicale, du pipeau", rappelant que les Compagnons ne sont pas des salariés, et que "Emmaüs est une association, pas une entreprise. Elle n'emploie pas les compagnons. Il y a une vie associative et chacun doit, s'il le veut, participer à la vie de la communauté. En contrepartie du repas, du logement, il faut donner du temps pour que le magasin tourne".
Deux visions opposées, dont il reste à connaître les issues judiciaires et administratives...