Il s'agit de la troisième communauté Emmaüs du Nord qui entre en grève. Les compagnons de Tourcoing réclament eux aussi une régulation des sans-papiers et l'amélioration de leurs conditions de travail.
Leur mouvement prend de l’ampleur, et illustre le malaise rencontré au quotidien.
Après les compagnons de la Halte Saint-Jean de Saint-André-Lez-Lille entrés en grève le 3 juillet dernier, rejoints par 40 compagnons de l’antenne Emmaüs Grande-Synthe le 22 août dernier, c’est au tour des compagnons de l’antenne tourquennoise d’entrer dans la lutte.
Une grève qui débute quelques jours après le courrier reçu par les compagnons dunkerquois, menacés de se retrouver à la rue.
Une quarainte de grévistes à Emmaüs Tourcoing
Depuis ce mardi 12 septembre 2023, une quarantaine de compagnons sont rassemblés devant l’entrepôt principal d’Emmaüs rue D’Hondschoote à Tourcoing (Nord), accompagnés de représentants de salariés de l’association en CDI et de salariés en contrat d’insertion du magasin Emmaüs Village de Neuville-en-Ferrain.
Ces trois catégories de travailleurs "ont décidé collectivement d’entrer en grève", indique la CGT. Comme à Saint-André et Grande-Synthe, les compagnons tourquennois dénoncent leurs conditions de travail "scandaleuses" et demandent un "changement radical à la tête de l’association".
Hygiène (des rats), sécurité (machines inadaptées, blessures), conditions de travail (40 heures exténuantes par semaine), propos racistes et attitudes méprisantes...
Extrait du communiqué de presse de l’union locale de la CGT Tourcoing
Achraf, Marocain de 32 ans, est compagnon depuis février 2021. "Je fais beaucoup de postes : chargé de communication, je forme les gens en caisse, à la vente, à l’accueil, au réapprovisionnement, liste-t-il. Je travaille 40 heures par semaine pour 350 euros par mois. Je mérite un contrat de travail, des fiches de paie pour prouver que j’ai des compétences et que je suis intégré ici".
Une revendication principale : la régularisation des sans-papiers
Un témoignage, illustration des revendications établies par les grévistes. Parmi celles-ci :
- la régularisation globale et exceptionnelle des sans-papiers d’Emmaüs Tourcoing, "comme prix du préjudice subi depuis des années"
- la requalification en contrats salariés des statuts de "bénévoles"
- l’amélioration des conditions de travail
"Vous savez, travailler ici aujourd’hui c’est un peu comme une condamnation à vie et on ne sait pas jusque quand ça va continuer, ajoute Achraf. On arrive à nos limites et le seul espoir qui nous reste, c’est de faire passer notre message en entrant en grève".
À l’heure où nous écrivons cet article, nous n’avons pas réussi à joindre la direction d’Emmaüs Tourcoing.