Ils seront jugés en juin pour "travail dissimulé aggravé" : les deux responsables de la communauté de la périphérie lilloise. La directrice sera également entendue pour "harcèlement moral".
En grève depuis 209 jours, les compagnons d'Emmaüs Saint André se sont rassemblés ce vendredi matin à 7h devant les locaux de la communauté. Un rendez-vous pris, chaque jour, depuis le 1er juillet. Ils réclament depuis leur régularisation et un changement de direction. C'est contre elle que deux plaintes ont été déposées en mai 2023 : une pour "traite d'être humain" et l'autre pour "travail dissimulé".
Des plaintes à l'encontre du directeur de la communauté, Pierre Duponchel, et la directrice historique de lieu, Anne Saingier. Tous deux ont été placés en garde à vue mardi 23 janvier 2024. Après deux jours d'audition, ils ont été déférés au parquet. La justice les convoque devant le tribunal judiciaire de Lille le 13 juin prochain.
Ils se voient reprocher des faits de travail dissimulé aggravé et, en sus, pour la directrice, des faits de harcèlement moral
Carole Etienne, procureure de LilleAFP
Une convocation dont se satisfait Stéphane Vonthron, représentant du bureau de la CGT dans le Nord, "même si elle arrive un peu tard". "On ne peut pas se permettre d'attendre jusqu'à juin. On a demandé un rendez-vous au préfet, on va continuer à mettre la pression".
Ce qu'ils réclament toujours pour les compagnons grévistes : une régularisation temporaire, c’est-à-dire, une carte de séjour d'un an en compensation du préjudice subi.
Harcèlement
Le représentant syndical se félicite par ailleurs que le terme de "harcèlement moral" ait été retenu dans les poursuites : "il faut bien se rendre compte qu'il y a eu, dans cette communauté, des fouilles des chambres des compagnons en leur absence, la direction a inspecté leur papier, a tenté de mettre les non-grévistes contre eux". Sans parler, poursuit Stéphane Vonthron, des propos racistes confirmés par plusieurs membres de la communauté.
Ni bénévole ni salarié
Le "travail dissimulé" est également justifié car, selon les grévistes, les compagnons travaillaient 40 heures par semaine dans un climat très tendu. Des occupations qui n'avaient rien du "bénévolat" et qu'on ne pouvait pas non plus qualifier de "salariat" car ils ne touchaient même pas les 400€ par mois, pourtant préconisés par Emmaüs France.
Quant à leur régularisation, "promise" disent-ils, au bout de trois ans d'activité dans la communauté, elle est loin d'être acquise. Aucune démarche, ni perspective d'intégration n'a été enclenchée.
En attendant leur audience correctionnelle, le président et la directrice sont placés sous contrôle judiciaire.