Guerre en Ukraine : les entreprises des Hauts-de-France implantées en Russie se cherchent une stratégie

Voilà plus de cinq jours que les forces armées russes tentent de prendre le contrôle de l’Ukraine. L’Union Européenne et les Etats-Unis ont adopté un arsenal de sanctions. Si certaines entreprises internationales se mettent en retrait, d’autres se font plus discrètes.

C’est le géant pétrolier BP qui a ouvert la voie, le 28 février : le plus important investisseur étranger en Russie quitte le territoire, et emporte avec lui ses investissements. Deux jours plus tard, le groupe Shell lui emboîte le pas. Le fonds souverain norvégien Sherbank, le plus important au monde, a également décidé de céder ses parts russes.

Depuis le 24 février, la Russie a déclenché une offensive de conquête sur le territoire ukrainien, espérant une guerre éclair. Mais le conflit s’enlise face à la résistance ukrainienne, qui tient bon dans les zones de combat, et qui a réussi à mobiliser ses alliés européens, au moins par le biais d’envoi d’armes et de sanctions économiques majeures. Se désolidariser de la Russie de Vladimir Poutine est donc aussi devenu un enjeu d’image pour les grands groupes internationaux.

En Russie, le cas particulier du groupe Auchan

Certains, à l’image de Total, ont opté pour une demi-mesure : le groupe français n’investira plus dans de nouveaux projets en Russie, sans se retirer des projets dans lesquels il est déjà engagé. Dans les Hauts-de-France, le groupe Auchan, fondé en 1961 à Roubaix par Gérard Mulliez, 7ème plus grande fortune de France, a adopté une posture de discrétion. Auprès de France 3, le groupe indique qu’il communiquera a minima sur ses activités russes et ukrainiennes.

La Russie est le troisième marché le plus important pour le groupe Auchan, qui y emploie 30 000 salariés et exploite 240 magasins. Face à la question de l’approvisionnement de ses magasins malgré la dangerosité des frontières et la fermeture des espaces aériens, le groupe rappelle qu’il est présent en Russie depuis 2002. Ses magasins sont donc d’ores et déjà intégrés à l'économie locale, et approvisionnés par un réseau de producteurs russes. De plus, écrivent nos confrères du Figaro, "les banques avec lesquelles l’enseigne travaille n’étant pas concernées par l’exclusion de certains établissements du système Swift, elle ne devrait ne pas être affectée par les sanctions contre la Russie." 

Pour Auchan, sa seule priorité est d’être présent "auprès des collaborateurs." En Ukraine, "les magasins sont ouverts, sauf quand la guerre se fait pour ainsi dire sur le parking". 6000 personnes sont employées dans ces magasins, qui commercialisent entre autres des denrées alimentaires et produits de première nécessité.

D'autres grands groupes régionaux comme Decathlon, présent en Russie depuis 2018, ont également gardé le silence sur le développement de leur situation.

200 autres entreprises présentes en Russie ou en Ukraine

Au moins 200 autres entreprises de la région Hauts-de-France entretiennent des liens commerciaux avec la Russie, ou sont présentes en Ukraine. "La Russie est le 11ème exportateur, et 13ème pays importateur pour la région Hauts-de-France", explique Grégory Stanislawski, directeur des études pour la Chambre de Commerce et d'Industrie (CCI) des Hauts-de-France. L'impact sur l'économie régionale est donc très réel. 

La CCI a donc fait reprendre du service à sa Task Force, déjà étrennée par la crise du Brexit et le covid-19, à laquelle s'étaient associés les services préfectoraux et régionaux. "D'abord, on informe les entreprises directement concernées des mesures prises par le gouvernement. On met en route une plateforme téléphonique pour leur demander quels sont leurs soucis, et nous allons prévenir les risques concernant la cybersécurité" a annoncé Philippe Hourdain, le président de la CCI.

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