" C'est le plus émouvant spectacle de ma vie", ces mots sont ceux d'Albert Londres, écrits lors de son arrivée dans Lille libérée, le 17 octobre 1918. Casquette anglaise, uniforme kaki et brassard vert des correspondants de guerre, le journaliste est aux côtés des troupes de la IIème armée britannique. Il assiste à l'immense explosion de joie des Lillois.
Depuis juillet 1917, Albert Londres écrit des articles le long de la ligne de front pour le "Petit Journal ", l'un des principaux quotidiens français de l'époque. Il se bat contre la censure et se retrouve en tête d'une liste noire établie par l'état-major comme "mauvaise tête ". Il est à Lille quand la ville recouvre sa liberté. Témoin privilégié de la joie et de la souffrance.
Source archives :
- Gallica BNF
- Pathé Gaumont
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©France 3
Ému par la foule en liesse, il raconte : " j'ai vu ce que je ne reverrai plus jamais. Les femmes, les enfants nous embrassent. Nous ne pouvons plus avancer. Devant la mairie, la foule s'est amassée, elle est maintenant comme une mer." Albert Londres découvre une ville meurtrie par 4 années d'occupation. Sa plume se fait grave : " des quartiers florissants, il n'est plus que murailles, les cortèges qu'on voit ne sont plus que funérailles."
La libération de Lille fait partie de l'ouvrage d'Albert Londres " Contre le bourrage de crâne " écrit sur la ligne de front. Jusqu'à sa mort en 1932, à l'âge de 48 ans, dans l'incendie du paquebot qui le ramène de Chine, le grand reporter sera questionné par la souffrance humaine. Que ce soit le bagne de Cayenne, les asiles psychiatriques, l'esclavage ou l'errance du peuple juif.